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PEUGEOT |
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Peinture et carrosserie : 100 ans de progrès |
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La société DUCO a été créée en France pour diffuser les peinture à base de NITRO-CELLULOSE inventées aux USA par DUPONT de NEMOURS à la fin de la guerre de 1914-1918. Cette technique doit permettre de peindre un véhicule en trois jours au lieu de trois semaines jusqu'alors ! La petite société WELLIN-HIGGENS, licenciée de Dupont, est fondée en 1925 à Paris. En 1927, la société LA DYNAMITE rachète le brevet Dupont et réalise la fusion de Wellin-Higgens avec Robialac pour donner naissance à la future DUCO (DUpont de Nemours et CO). La société s'installe à à St Ouens puis à Stain, après un grave incendie. L'usine fermera ses portes le 30 novembre 1989. Les anciens de la société, Mrs ABATTI, DUFLOS et LEBAU ont voulu rendre hommage aux milliers de collaborateurs qui ont contribué à cette épopée en faisant de leur société un des fleurons de la peinture française. Ils ont rassemblé de nombreux témoignages pour écrire ce livre, dont vous trouverez le texte ci dessous, grâce à l'aimable autorisation de Mr Duflos.
PREAMBULE DUCO notre bel amour...! Une affaire
industrielle c'est une civilisation: ça naît, ça grandit, ça prospère, ça
vieillit et ça meurt ! Comme l'Homme, en
somme... Son existence est une
succession d'efforts, de peines, de chagrins, de fureurs même, mais aussi de
grands moments de rires, de satisfactions et de souvenirs heureux. Chez ceux qui la
composent, chacun -depuis les ancêtres aux attitudes parfois hiérarchiques,
jusqu'aux plus récents impétrants encore empreints de leur enthousiasme- a
contribué à faire marcher Comme elle a été belle
notre Société, et combien nous l'avons tous aimée! Aussi n'est-il pas possible
que la dalle froide des oubliettes se referme définitivement sur elle sans
qu'au moins quelques pages pieusement conservées ne puissent un jour lui
permettre de resurgir du passé à l'appel de quelqu'ancien mélancolique et
vieillissant, qui voudrait y retrouver sa jeunesse aux sons mineurs de la Valse
triste de Sibelius écoutée en sourdine... Hélas! En écrire
l'histoire est un quasi-dilemme. Comment faire pour que, quel que soit le
lecteur, elle soit jugée comme la Vraie? Sa vie dans la
Société, chacun l'a vécue selon son tempérament propre, et il est probable que
si l'on demandait à tous ceux qui y ont appartenu d'exposer comment ils la
voient, il y aurait des différences et de nombreuses contradictions. Quel est
le Juste alors, qui serait capable d'en faire la synthèse objective? Une monographie chronologique serait vite insipide. Alors, il faudra égayer le texte de quelques anecdotes chaque fois que cela sera possible et ne pas avoir peur de le pimenter de quelque jugement personnel en cherchant à ce qu'aucun ami ne s'en offusque. Nous pourrons, plus ou
moins arbitrairement, diviser cet ouvrage en cinq parties. - Les temps anciens:
de l'origine à la Libération (1945-1947) - La période bleue: celle de M. DUCHE et de la Centrale de Dynamite
jusqu'en 1958. -
La période noire: celle de M. ETIENNE, avec l'arrivée de NOBEL-BOZEL (1959-69) - La période rouge: celle de M. MAILLET, avec NOBEL, ROUSSEL, HOECHST (1970-79) - La dernière a la
couleur d'une nébuleuse après l'explosion avec les CHARBONNAGES DE FRANCE puis
NOBEL-SUEDE (1980-1989/90) Place
aux souvenirs du coin du feu ! et
maintenant peut commencer l'Histoire
de DUCO la BELLE ! LES TEMPS ANCIENS De l'origine à la Libération (1945-1947) L'ORIGINE. Tout a commencé par
une décision: celle d'exploiter une idée nouvelle jaillie du cerveau génial d'un chimiste américain appartenant à Il s'agissait de
mettre à la disposition des « carrossiers »
des « laques-émails » constituées à partir de nitro-cellulose,
et qui devraient permettre de peindre une automobile en trois jours au lieu des
trois semaines nécessaires jusque là avec les « peintures-grasses » ! C'est ainsi qu'une
petite société: WELLIN-HIGGINS, licenciée de Dupont est fondée en France en
1925. Les bureaux sont installés 28, Avenue de l'Opéra, et sa mission est de
commercialiser ces nouveaux produits révolutionnaires. En 1927, la « Centrale
de Dynamite » rachète la licence du brevet à Dupont et réalise la Fusion
de Wellin-Higgins avec Robbialac, pour donner naissance à la future Société DUCO
: DUpont de Nemours et CO. Au fameux sigle dans son ovale rouge, dont l'usine
s'installe à Saint-Ouen. Ravagée par un incendie en 1930, il lui faut trouver
un site plus en mesure d'accueillir la fabrication de peintures à base de
matières premières aussi dangereuses que la nitro-cellulose. Le bâtiment de Stains en construction en
1927 Le bâtiment rénové pour
l'installation de la Société Il existait sur cette
commune ce que nous appellerions aujourd'hui une « Zone industrielle »,
dans le quartier du Moulin Neuf, bordée par un ruisselet: le Rouillon, à la
limite du futur parc départemental de Elle sera dissoute en
1896, mais avec d'autres propriétaires, son activité continuera jusqu'en 1969,
date de la destruction des bâtiments, dans le domaine du papier-tabac. Deux autres
entreprises avaient une direction commune, c'était la « Compagnie
Française de Celluloïd » (1888-89) d'une part, et la « Compagnie
Générale de Chromolithie » d'autre part, à l'emplacement de la future
usine Hoechst, et dont il ne subsiste aujourd'hui que la grande cheminée de
briques portant une date: 1907. La « Celluloïd » qui employait 250
personnes, connut deux terribles incendies: 18 juin 1892 et le 17 avril 1897
dans la soirée, qui mirent un frein à ses dangereuses activités, la fabrication
des célèbres « baigneurs » et d'articles comme les baleines de
corsets, de cols et plastrons de chemises, ou de cornettes de religieuses. (On
en retrouvera quelques caisses après la guerre, dans les années 1950, oubliées
dans de vieux bâtiments où personne n'allait jamais !). Enfin, le long du « Chemin
de Romaincourt » Il convient de dire
ici un mot de V. RENELLE qui était ingénieur à la Société Française DUCO. Arrêté
par les Allemands, il fut emprisonné, puis fusillé à Châteaubriand le 22
octobre 1941 pour avoir refusé de trahir son pays. Le 18 juillet 1946, la
municipalité décidait de donner son nom au Chemin de Romaincourt. Son portrait,
qui fut longtemps accroché dans son ancien laboratoire, ainsi que les plaques
commémoratives rappelant le souvenir des membres du personnel morts pour la
France, ont été remis au Maire de Stains à l'abandon de l'usine en 1989. DÉMARRAGE DE L'USINE Le premier atelier de conditionnement Il ne put tenir
longtemps dans cette exclusive. La concurrence apporta bientôt la multiplicité
des coloris et tout le monde fut bien obligé de suivre, Ford le premier. Et
puis, d'autres" résines" apparurent. La grande « Industrie des
Peintures » allait prendre son essor. Il n'était plus possible .de rester
au stade artisanal. La première campagne
publicitaire fut menée sur le thème: « DUCO, premier émail à froid ».
Une affichette représentait un petit chinois qui montait à un mât de cocagne au
fur et à mesure qu'il le peignait et s'exclamait ravi: « Déjà sec! ».
Ce slogan, rappelant l'histoire du fou, de son échelle et du pinceau collé au
mur auquel on lui conseille de s'accrocher n'eut pas un franc succès. En
revanche, dans l'automobile, « DUCO CUIRASSE L'AUTO » n'eut pas à
rougir de son affirmation. Mais avec les
nouvelles résines, il y avait maintenant d'autres clientèles à prospecter. Tout
ce qui pouvait se peindre fut systématiquement recherché car, disait-on alors: « Tout
se peint bien avec DUCO ». Ce fut le cas des constructeurs automobiles
bien sûr, mais aussi de la marine, des chemins de fer, de l'aviation, du métro,
des bus, des cars et des camions. Puis bientôt de l'Industrie, du Bâtiment, et
même du Grand Public. Hélas, la guerre
arriva qui vit l'usine s'installer en zone libre, à Castres, sous la houlette
de M. LAUDAT, et P. BERTEAUX aidés de loin par M. CORVAZIER demeuré à Stains où
cette « Société américaine » fut mise sous séquestre allemand et
contrainte, avec le personnel resté en place, de produire les peintures exigées
par l'occupant. Il faut dire que
pendant cette période, la qualité eut beaucoup à souffrir! Mauvaises matières
premières disait-on, ou mauvaise volonté, plus souvent les deux à la fois. Puis vint la
Libération!! La grande époque allait commencer par un bouleversement. En 1947,
la loi « anti-trust » est promulguée aux U.S.A, obligeant Dupont de
Nemours à se séparer de toutes ses filiales étrangères: Impérial Chemical
Industries (ICI) en Grande-Bretagne, Montecatini en Italie, Wiederholt en
Allemagne (de l'Ouest) et DUCO en France, les forçant à devenir nationales et
indépendantes. C'est
ainsi que DUCO devint la«
Société Française DUCO » LA
PERIODE BLEUE (1948-1958) Pour cette période
qu'il a bien connue, nous laisserons la parole à notre ami Maurice-Xavier
ABBATI, qui nous a quittés en juillet 1992,
et qui était à l'origine de l'idée d'écrire un petit ouvrage en souvenir de
la Société DUCO. Entré à la Société
immédiatement après la guerre, MX ABBATI nous fait le portrait savoureux des
« Patrons » de l'époque. Outre M JECQUIER, Président du C.C.F, et M CORDIER Président de la « Centrale
de Dynamite » dont le mérite, et pas des moindres, avait été d'éliminer
Henri CLEMENCEAU, le frère du « Tigre » pour obtenir son poste! Voici
quels étaient les grandes figures de la Direction. - DUCHÉ: Centralien. PDG d'Isorel et de DUCO. Athée total. Grand
bourgeois et grosse fortune. Allure et qualités du Grand Seigneur. Capable de
prendre les décisions les plus dures mais aussi d'accorder le pardon au plus
coupable. - FERRAND : agro (« L'Agro mène à tout, à condition d'en
sortir » avait-il l'habitude de dire). Catholique très pratiquant. Cinq
enfants. Grand bourgeois, lui, (et non pas grand seigneur comme DUCHÉ... il
était un de ces « économes » !...) Il avait cependant une faiblesse,
sa « folie », comme il disait: le château moyenâgeux de Folin, dans
l'Yonne, qui lui coûtait les yeux de - CORVAZIER : Ingénieur chimiste de l'Ecole de Nancy (« la meilleure de toutes » disait-il, en même temps que ses ingénieurs), Directeur général Recherche, technique, production. Le torchon brûlait souvent entre lui et FERRAND. Mais n'est-ce pas tellement classique que j'aurais pu me passer de le souligner? Très compétent, mais d'un autoritarisme forcené. Je crois cependant, très estimé de tous ses cadres.
- MICHEL: Ingénieur chimiste (mais pas de Nancy) surpris par la guerre
pendant qu'il était en Algérie, y est resté, et a monté sur l'ordre de DUCHE,
une usine à Hussein-Dey, près d'Alger et qui a magnifiquement marché. Resté
longtemps là-bas après l'Armistice, DUCHE lui demande de revenir pour s'occuper
des « Constructeurs de matériel des Chemins de Fers » (après la mort
de son responsable M. RONCORONI), mais aussi pour superviser l'affaire
"Guittet" qu'on venait d'acheter. Homme de grand bon sens, il appuya
toujours l'équipe constituée par C. GUITTET à Montigny et la soutint auprès de
la Direction de DUCO. Il était direct, brutal même diront certains, mais il
savait faire gagner de l'argent ! Petit défaut: grand buveur devant l'éternel.
Aimait, paraît-il aussi les jolies femmes. (Mais Bon Dieu! Pourquoi dis-je
cela ? Qui chez DUCO ne les aimait pas...) - DUBIEN : Ingénieur chimiste surpris par la guerre aux USA au cours
d'un voyage d'études qu'il faisait à la Dupont de Nemours. Y était resté.
Jusqu'à ce que DUCHE le rappelle en 1956, pour remplacer M. CORVAZIER qui avait
pris sa retraite. Très chic type (moi, je l'aimais bien et il me le rendait),
manquant un peu d'autorité et un peu brouillon, ce qui contrastait avec son
prédécesseur, bien sûr. En réunion passait son temps à brouillonner des pages
de notes, hochant la tête de temps en temps en disant: « Ah, bon, bien! ».
Un peu snob, je me souviens de l'avoir entendu dire un jour à une réunion à
laquelle je participais: « il nous faudra faire plus de... plus de...
voyons, comment dites-vous çà en Français? Ah oui, plus d'efforts... »
perte de mémoire due à son immense admiration qu'il avait pour la Dupont et la
langue anglaise qui, probablement, lui faisait oublier sa langue maternelle. Il
avait quelques ennemis mais peu nombreux. Peut-être parce que, comme disait
Churchill: « Le nombre et la violence de ses ennemis dépendent de sa
propre valeur personnelle ». Ce n'était peut-être pas le super-As qu'on
aurait désiré, mais en tout cas, tout le monde l'aimait bien, et quoique non
technicien, je crois pouvoir assurer qu'il n'a jamais démérité. - VASSEUR : Self-made man. Doté d'une volonté d'acier
pour arriver. Entré à la Démonstration, c'est CORVAZIER qui l'en fit sortir pour
prendre le poste « en intérim » de remplaçant du Directeur commercial
qui venait de partir, en 1932. Petit à petit -resté définitivement au poste, et
nommé Directeur commercial en titre par DUCHE à la Libération- il fut amené à
contrer de plus en plus Mr. CORVAZIER dont les méthodes étaient plus ou moins
opposées aux siennes. Ce qui faisait dire en riant, à ce dernier: « J'ai
élevé une couleuvrrrrrrre dans mon serrrrrrrail!... » Travailleur acharné
et doté d'un solide bon sens, mais hélas, un peu trop petit garçon devant Mr.
DUCHE... Enfin, anxieux perpétuel, il s'usa la santé à se faire du mauvais sang. Voilà donc les "grands" de DUCO pendant
cette période bleue. Bien sûr il y avait les moins grands à qui DUCO doit aussi
sa réussite. Comment les citer tous? Comment ne pas risquer d'en oublier, ne
serait-ce qu'un seul et qui, pourtant, aurait lui aussi, bien mérité de la
Société? Espérons en rencontrer
quelques-uns dans les anecdotes qui émailleront la suite de ce récit. DES SOUVENIRS
LOINTAINS, LOINTAINS... S'il est exact que « les
peuples heureux n'ont pas d'histoire », alors comment réussir à parler de DUCO
de l'immédiat-après-guerre? Opposons donc à cette citation, celle qui déclare « qu'être
heureux est un verbe qui se conjugue au passé avec le souvenir, au futur avec
l'espérance, mais qui n'a pas de présent ». Cela nous permettra d'excuser
un éventuel manque d'objectivité de nos propos. Pendant cette "période
bleue", DUCO était organisé selon la bonne vieille méthode classique qui
convenait parfaitement aux activités de l'époque: un Président Directeur
Général et deux Directeurs Généraux adjoints. L'un pour la Production et le
Technique, l'autre pour le Commercial, l'Administration et la Finance. Généralement quand un
nouvel arrivant entrait chez DUCO, il lui fallait effectuer un stage dans les
divers services de La
plupart du temps,
c'était Monsieur JEANBERT du « Service Liaison-Production »
qui était
chargé de suivre le stagiaire durant tout son périple. Ce JEANBERT
était un
chic type qui ne manquait jamais de raconter à tous ceux qu'il
rencontrait pour
la première fois, l'aventure qui lui était arrivée pendant la guerre:
matelot à
bord d'un sous-marin, son bâtiment avait été torpillé alors que,
coupole
ouverte, il naviguait en surface. Se trouvant sur le pont avec d'autres
camarades, JEANBERT avait été aspiré par l'immense cône tourbillonnant
qui
l'entraînait irrésistiblement vers le fond. Chaque fois, avec les mêmes
tremblements dans la voix, il décrivait à son interlocuteur son
inéluctable
descente aux abîmes, ses yeux horrifiés apercevant, tout en haut, le
ciel bleu
qui s'éloignait, s'éloignait... jusqu'à la miraculeuse seconde où il ne
comprendrait jamais par quel étrange phénomène de physique, il avait
été
absorbé soudain par la spirale montante et éjecté à dix mètres dans les
airs,
pour retomber dans l'océan et se retrouver, nageant avec quelques rares
survivants... Tel Virgile et son « Apparent rari nantes in gurgite
vasto... » ( De rares naufragés flottant sur le vaste abime) Donc, au cours de ces
stages, on passait d'abord dans les différents services de « l'Usine »,
dirigée par Monsieur STEIN, Ingénieur en Chef, un solide Bourguignon,
truculent, bon vivant, mais ne plaisant pas à tout le monde du fait de la
rudesse qu'il apportait à sa manière de commander. Puis on allait voir
comment fonctionnaient la « Production et l'Ordonnancement », dirigés
par Monsieur ILLIG et son adjoint, Monsieur ETAIX (dit « Le
Perfectionniste », tant il poussait loin les études qui lui étaient
confiées). Parfois, on faisait un petit tour au « siège », 67
boulevard Haussmann à Paris, pour s'imprégner des méthodes comptables de
l'excellent Monsieur PERETTI, secondé par Monsieur LECOMTE. On rendait ensuite une
visite aux « Achats », menés de main de maître par Monsieur
LABERGERIE (un fameux « pète-sec » mais qu'on excusait toujours, du
fait de son intégrité à toute épreuve, qualité assez rare, chez les acheteurs
des grandes sociétés). Monsieur VERDON, très scrupuleux lui aussi, lui servait
d'adjoint. Ils avaient avec eux, Monsieur CARNEGLIA, un ancien de Robbialac et
Mademoiselle BRUNET - future Madame RABY - qui se chargeaient plus
particulièrement du « Magasin Matières Premières ». Le chef du personnel
M. BRANQUE, puis son successeur M. DESHAIS avec leur adjoint M. ATHANEE,
essayaient de vous inculquer les meilleurs procédés permettant de posséder la main
de fer dans le gant de velours. Enfin, Monsieur
GAIGNARD « Saint-Vincent de Paul » secondé par Monsieur LAUDAT qui
avait mené DUCO à Castres pendant son repliement en zone libre, puis par
Monsieur STERN (l'inépuisable raconteur d'histoires salaces), s'efforçaient de
vous faire comprendre les trucs qui permettraient de livrer sans drame, huit
jours après, une commande que le client avait demandée pour la veille mais qui
ne se trouvait jamais au bon moment dans ce fameux service « Stocks
expéditions », qu'on appelait, je ne sais pourquoi, « La Réserve »...
Peut-être parce qu'on était toujours très "réservé" dans ses réponses
lorsqu'on vous demandait une date précise de livraison... On passait évidemment
aussi dans les différents services Commerciaux, mais c'est surtout dans les
nombreux services techniques que les stages étaient les plus longs et les plus
intéressants. A cette époque, ils
étaient placés sous la responsabilité de Mademoiselle M. CAILLAUX. Faisant
fonction de Directeur. Il y avait quatre laboratoires de « Mise au point ». - Constructeurs Automobiles et Carrosserie : avec P. BERTEAUX et son adjoint
A. NEIRYNCK -
Bois et Electroménager avec HELLER assisté de KIRIANENKO et BOYER - Isorel - Armée - Produits spéciaux avec M. DEBLACHE et ses adjointes
Mmes. P. CHARRON et J. BROSSIER. - Matériel agricole - et SNCF avec H. ALBA et son adjoint C. HOVELAQUE
Conjointement, cinq laboratoires de « services » les assistaient. Le laboratoire « Recherches
appliquées » avec SCHREIBER Le laboratoire « Résines » avec A.
CAHN - Adjoint J. BUJON Le laboratoire
"Colorimétrie" avec E. SAFFRE (Considéré comme une sommité dans la
Profession, il sera à l'origine des études du « climat par la couleur »).
Adjointe Mlle J. SPINAT (Cette fraîche jeune fille fera son chemin royal chez DUCO).
Grâce à son extrême compétence et à son tempérament de « chèvre Corse ».
Il n'y a pas de rose sans épines, dit-on, en langue d'oc « Spina »
signifie pieu ou épine! Elle émigrera bientôt en territoire de langue « d'oïl »,
puisqu'elle deviendra Mme. JONCKHEERE. Mais çà ne l'empêchera pas de conserver
sa fière devise, pour son plus grand bien et celui de ses amis: « qui s'y
frotte s'y pique »!, assistés de Mlle H. JANTON (future Mme. CHAROFF) Le laboratoire « Analyses-Contrôles
Matières Premières » avec M. PERRIER Adjointes Mlle J. VOISIN et Mme.
DIENER pour les « Contrôles » et Mme M DELPECH-CLEMENT pour les « Analyses ». Enfin un laboratoire
"Contrôles des Produits finis" avec R. SOINARD. Il sera terrassé par
une crise cardiaque en 1970 au carrefour du Globe alors qu'il se rendait comme
presque chaque dimanche en fin de matinée à l'usine pour vérifier que tout
allait bien et surtout assurer le fonctionnement en continu du matériel qui ne
devait pas s'arrêter, et A. BURGLE. N'oublions pas le séjour
obligé à Au passage, on ne
manquait pas de vous faire admirer la maîtrise de Madame MENEGAUX dans l'art de
commander le personnel d'embidonnage. On vous emmenait également voir Madame
MOREAU chargée de la « Cantine ». Puis Madame PERONNE, l'Assistante
sociale, et Je ne me rappelle pas
si l'on visitait ou non le Standard téléphonique, mais je tiens à souligner ici
que Madame LANGLOIS, et plus tard Madame MOUGENET, ont magnifiquement servi les
intérêts de DUCO grâce à leur dynamisme et à leur gentillesse reconnue par
toute la clientèle. Il y avait un service
par contre, devant lequel on vous faisait passer très rapidement: c'était le « Garage
et Matériel » où Monsieur DURFORT (le papa de Madame GEYSKENS) et son
adjoint Monsieur CHOPPICK, exerçaient leur grand talent. Je crois que c'était
pour ne pas faire naître de vains espoirs aux futurs cadres: les voitures de
fonction, il valait mieux ne pas trop y compter... Oh, comme j'ai été
heureux de me remémorer tous ces noms dont la plupart sont aujourd'hui inconnus
ou oubliés de beaucoup de nos amis actuels! Pourtant, ils sont nombreux, ceux
que j'ai dû laisser de côté ou que je n'ai pas encore cités, notamment au
commercial dont nous parlerons plus avant. En tout cas, c'est bien toute
l'équipe homogène formée par l'ensemble du personnel de notre société, qui a
mis celle-ci fermement sur ses rails. Il faut avouer que
celui qui entrait chez DUCO à cette époque ressentait souvent un sentiment de
déception. Pour tout le monde,
Dupont de Nemours, cette Superstar américaine, ne pouvait laisser apparaître
qu'ateliers automatisés dans lesquels tournaient des machines étincelantes,
ronronnant en silence comme des huit cylindres en ligne, et que bureaux
luxueux, tout en verre, dotés de meubles sophistiqués posés sur des tapis
somptueux. Tout autour de soi, il ne pouvait y avoir que de multiples appareils
miniaturisés couverts de petites lampes de toutes les couleurs et de boutons de
nacre sur lesquels il suffisait d'appuyer pour faire apparaître une splendide
secrétaire aux cheveux roux et en jupette plissée vous apportant sur le champ
un whisky délicieusement frais, ou bien pour apercevoir sur un écran
s'éclairant brusquement, le visage de votre interlocuteur vous appelant de
Tokyo ou de Boston. La réalité était tout
autre: de vieux bâtiments en briques, dont les vitres encadrées d'une peinture
qui s'était voulue verte dans le temps, refusaient de laisser passer la lumière
tant la crasse s'y était accumulée. Des broyeurs et mélangeurs arlequinés et
bruyants qui semblaient tourner carré et qui empêchaient de dormir le voisinage
sur cinq cents mètres à la ronde, lorsqu'on était obligé de les faire
travailler de nuit. Des appareils de cuissons vétustes et recouverts des milliers
de séquelles de fabrications de résines, qui provoquaient régulièrement leur
habituel début d'incendie. En 1968, lors de la mise en route de la nouvelle
installation de cuisson Mademoiselle CAILLAUX en a eu les cheveux, les cils et
sourcils brûlés. Le Chef d'atelier M. BOULMIER fut lui plus gravement atteint
au visage. Quant aux bureaux, ceux du Commercial au moins, qui auraient dû être
les plus soignés puisque destinés à recevoir la clientèle, ils consistaient en
un long bâtiment de plain-pied, genre baraque de chantier. Tout en longueur,
avec un couloir central ressemblant à une coursive de rafiot panaméen,
desservant de chaque côté des bureaux dont la superficie plutôt restreinte et
le mobilier miteux, rappelaient quelque vieux local de ministères ou la caserne
du 5ème régiment de tirailleurs algériens de Maison-Carrée. Et pourtant, tout ça
fonctionnait. Le miracle provenait du moral des troupes: cadres, employés,
ouvriers ou contremaîtres, tout le monde aimait bien « Papa DUCHE »
et s'efforçait de faire marcher la boutique pour l'amener vers un destin qu'on
prévoyait brillant. Le Papa DUCHE menait tout cela avec son bon vieux
paternalisme d'antan dont personne ne se moquait alors. Quand quelqu'un
s'estimait victime d'une injustice, la porte de DUCHE était ouverte; il
suffisait d'aller le voir. Il était rare, même lorsqu'il s'agissait d'une faute
lourde, qu'il reste insensible aux remords du coupable si celui-ci s'excusait
sincèrement. Chaque année, la
veille du 11 novembre, il réunissait l'usine et faisait un petit speech devant
les plaques apposées sur la façade du Commercial, en souvenir des anciens de DUCO
morts pour Evidemment, chacun
estimait bien qu'il aurait pu être mieux payé, mais bien avant qu'on ne parle
de « participation », DUCHE avait imaginé de verser chaque mois au
personnel un complément de salaire basé sur ce qu'il appelait « les supers
bénéfices ». Leur calcul, mis en équation par PERETTI, était hélas
tellement compliqué, que l'assiette en était constamment changée. Le procédé
fut abandonné et compensé par une augmentation générale des salaires. Mais à
l'époque, nous étions tous heureux de recevoir en fin de mois, cette petite
rallonge qui avait des allures d'étrennes. Les cadres, eux, bénéficiaient de
gratifications exceptionnelles de fin d'année, selon les résultats obtenus. Ces
« grattes » étaient attendues comme la manne céleste. Cette époque qui a
duré jusque vers EN ATTENDANT L'ICI Ce qui m'a toujours
frappé chez DUCO, c'est ce solide esprit de corps qui animait tous ses membres. Bien sûr, par
instants, les techniciens traitaient bien les commerçants d'épiciers et ceux-ci
accusaient ceux-là de ne savoir fabriquer que des produits à mettre en vitrine,
mais quelle est l'affaire qui n'est pas démangée de temps en temps par les
mêmes grattages? Le recul des années me permet aujourd'hui d'être formel: dans
notre société, peut-être ne s'aimait-on pas tout le temps mais en tout cas, on
s'estimait toujours... Et, soyez persuadées qu'il ne s'agit pas ici d'un tout-le-monde-il-est-beau,
tout-le-monde-il-est-gentil émanant d'un cerveau de Rousseauiste bêlant ou de
celui d'un homme rendu mélancolique par le « Souvenir », dont le
propre est de gommer les mauvais moments pour ne conserver que les bons. Non! A
l'exception de cas sérieux -que j'aurais alors oubliés- je maintiens cette
affirmation. Et je suis sûr que sur ce point, je me trouverai en accord avec
l'ensemble de ceux qui me liront. C'était notre force!
Bien sûr, cela n'empêchera pas, beaucoup plus tard, certains esprits chagrins
de manifester leur mécontentement à l'arrivée de quelque pièce rapportée se
prétendant indispensable, et seule capable de sauver notre vieille maison.
Peut-être n'avaient-ils pas entièrement tort ! Prenons l'exemple du
Commercial que je connais bien -et pour cause!- et dont nous n'avons pas encore
parlé jusqu'à présent: dans ce service -mené de main de maître par VASSEUR, à
l'époque- il n'avait pas besoin d'antagonismes personnels pour faire marcher Parlons-en un peu de
ce Commercial à l'époque. A l'extérieur, nous
avions les trois demi-dieux mythologiques: les agents généraux WEIL (Prénom:
Macchia), CHANTIER (surnom: Pierrot-mes-sous) et BOTTEREAU (dit le Beau Gosse).
Ils étaient chargés respectivement de l'Automobile, de l'Industrie et du
Bâtiment. A l'intérieur: leurs
homologues: CUNISSET (le père de Jean-Pierre), BEL (dit le Taureau du Jura) et
KIEFFER (que l'on dénommait Loulou Et comme cela se
passait dans tous les autres départements de DUCO (du technique à la
production, pour ne citer que ces deux principaux là) les Cadres, Ingénieurs,
Laborantins, Employés, Secrétaires, Dactylos ou Ouvriers, tout cela
fonctionnait à cinq sur cinq. Ainsi, DUCO ne pouvait
que prospérer rapidement. Le bon sens de DUCHÉ, le dynamisme du commercial, la
compétence du technique et le dévouement absolu de tous les membres de la
société, étaient les moteurs puissants de cette réussite. Je me souviens des
premières deux cents tonnes vendues dans le mois, vers 1950. Elles avaient
amené DUCHÉ à offrir un vin d'honneur à toute l'usine. Comme tout le monde
était heureux et fier, alors ! Les patrons nous
disaient bien, de temps en temps, que « DUCO perdait de l'argent »,
mais c'était accompagné chaque fois, d'un tel sourire ambigu que nous nous
consolions avec l'idée qu'il fallait bien que dans le groupe, il existe une
société qui perde un peu d'argent pour compenser, sur le plan fiscal, les
bénéfices trop importants des autres... Comme c'était commode, n'est-ce-pas, de
se satisfaire... Restons très objectifs
et reconnaissons qu'à l'époque, il manquait à tous les échelons, une
connaissance supérieure de la gestion moderne. Aujourd'hui, nous ne pourrions
plus nous en passer, mais pourtant, dans cette décade de la "période
bleue" dans laquelle nous nous trouvons encore ici, tout ne
fonctionnait-il pas convenablement? Il n'en sera plus de même vingt ans plus
tard. Les abus d'une gestion démesurée, mal comprise et hystériquement
appliquée commenceront à asphyxier DUCO. Jusqu'à l'amener au bord du gouffre. L'industrie était
notre grande pourvoyeuse de soucis majeurs, mais elle était aussi notre fierté. Grâce à l'excellence
de notre technique et à la fougue de CHANTIER qui menait à l'abordage ses
représentants et démonstrateurs, nous étions devenus les fournisseurs numéro Un
de cette clientèle (ou en tout cas, un des deux premiers). Chez les Constructeurs
automobiles, grâce à WEIL, nous avions le quasi monopole des fournitures de
laques chez Simca, et une très belle position chez Peugeot. Renault, lui, qui
fabriquait ses propres peintures, nous laissait cependant une place enviée chez
ses concessionnaires et agents (plus exactement a la SAPRAR qui en était le
moteur). Seul Citroën ne
voulait pas de nous. Il était impitoyable, refusant même de nous recevoir. Tout
cela, à titre de représailles contre DUCHÉ qui, un jour de colère (Citroën
refusait de modifier sa chaîne pour réussir à utiliser nos produits), avait
lancé au Président « Puisque c'est comme ça, je vais donner des ordres
pour que dorénavant, on ne vous livre plus rien. Si vous voulez utiliser nos
produits, c'est à genoux que vous viendrez me les demander... » Pour avoir la foi, il avait la foi, notre Papa
Duché! Mais c'est DUCO qui a
été boycotté pendant près de vingt-cinq ans... A force de persévérance et grâce
à M. BESANCON, nous verrons comment s'est effectué notre retour chez Citroën. Dans le Bâtiment, nous
venions de démarrer avec une courageuse formule: réussir à livrer aussi bien
des grosses entreprises en direct que des petits peintres par un réseau de
distributeurs. C'était une gageure et pourtant, nous nous sentions partis pour
un brillant avenir. Mais nous avions une
locomotive puissante, Je dois vous imposer
mon moi haïssable pendant au moins deux lignes de ce texte, car je veux vous
faire savoir que c'est bien VASSEUR et WEIL qui m'ont appris à travailler dans
cet art qu'est la vente par agents distributeurs. Vendre par grossistes
est un métier difficile et presque une science. Et c'est peut-être bien parce
que, dans la dernière décade de la vie de DUCO, on l'a trop oublié, poussant
l'inconscience jusqu'à se séparer de notre ami CASCUA, le dernier vrai
spécialiste en la matière, que nous avons cessé d'être, un des deux leaders de
la profession. La vente par
distributeurs est la pierre d'achoppement des dirigeants d'entreprise. Foin de
polytechniciens, de centraliens, d'Insead ou d'HEC! Un simple diplômé de
l'école primaire de Trifouilly-les-Oies réussira s'il est accrocheur et
psychologue. Oui! Surtout psychologue, cette vertu qui manque à tant de gens. C'est de toute façon,
un travail épuisant qui exige une vigilance et une fermeté doublée d'une
diplomatie de tous les instants et dans lequel le facteur « Relations
Humaines » joue à plein. Chose qu'hélas, trop de commerciaux modernes ne
veulent pas admettre. Puisque nous arrivons maintenant au moment de 1951 où
nous allons passer nos accords avec l'I.C.I et cela va devenir bougrement
sérieux, laissez-moi vous faire sourire un peu en vous faisant entrer dans les
coulisses de la Carrosserie. Le Salon de l'automobile
était pour nous-tous un cauchemar. En sus de sa préparation qui durait des
semaines, il fallait ensuite rester en première ligne pendant dix jours,
souvent de huit heures du matin à généralement deux à trois heures du
lendemain. Les provinciaux profitant de leur séjour à Paris pour bringuailler
aux frais de la princesse, il fallait demeurer avec eux pour déjeuner ou dîner,
ou pour aller dans une boite de nuit à Pendant un certain
nombre d'années, nous offrions un spectacle à nos clients et c'était votre
serviteur qui était chargé de l'organiser. Ils ont eu lieu ainsi, à Pour que chaque fois,
tout soit parfait, que rien ne rate, que de cheveux blancs nous nous sommes
faits!... Et c'était toujours aux tout derniers moments que quelque chose
accrochait! Je me souviens par
exemple, de ma terreur, lorsque j'ai constaté que les énormes Peter Sisters
engagées pour la représentation, n'arrivaient pas à passer par la porte trop
étroite du petit Théâtre du Musée Grévin elles ne pouvaient entrer en scène !...
Il a fallu casser le chambranle à la hache, ce qui a donné lieu à un spectacle
imprévu du plus bel effet, les Peter Sisters jouant magnifiquement le jeu, le
Directeur du Musée engueulant le pompier qui avait utilisé sa hache sur ma demande
-me prenant pour le patron du théâtre- et les spectateurs éberlués mais ravis,
se demandant ou était la farce et ou était le réel. Et la fois où je ne
sais quel accompagnateur noir refusa de jouer sur le piano de la scène, sous
prétexte que lui, ne pouvait utiliser qu'un piano à queue! Le problème a trouvé
sa solution dans un compromis, la mise à sa disposition de deux bouteilles de
Johny Walker prélevées au Bar du théâtre, avant le lever du rideau. D'où
apparition soudaine devant le public interloqué, d'un grand nègre hilare et
titubant, absolument déchaîné, qui improvisa un numéro exceptionnel dont on
doit encore parler dans les chaumières. Et ce récital des
Frères Jacques, rendus furieux par la tiédeur des applaudissements de nos
clients, qui refusaient de revenir en scène, « pour des pignoufs »
après l'entracte ! Et au théâtre des
Arts, où la directrice ne payant pas -ou payant mal- ses artistes, ceux-ci
menaçaient de faire grève et de ne pas assurer la représentation s'ils ne
recevaient pas un substantiel acompte, alors que tous nos clients étaient
installés dans leur fauteuil. Et la fois où nous
avions pris en photo un de nos agents du Sud-ouest, bien installé dans son
fauteuil et faisant son gros matou aux côtés d'une charmante personne que nous
avions prise pour son épouse alors que c'était... sa secrétaire! Le malheur a
voulu que ce fût l'épouse qui reçoive Et ce salon, où notre
nouveau directeur commercial -mais là, j'anticipe de vingt ans au moins-
m'avait demandé de retenir table ouverte, midi et soir, pendant les dix jours
de ce salon, chez Drouant. Ceci, pour recevoir nos plus gros clients que je lui
présenterais... Ah! Je m'en souviendrai particulièrement de celui-ci ! Beaucoup de personnes
envient les commerçants qui se paient de bons repas aux frais de leur société,
sous prétexte que c'est à table que l'on fait les bonnes affaires". Miséricorde! S'ils
savaient que pour un repas agréable, neuf sont d'horribles corvées... Toujours
par le fait d'abord de cette fameuse « représentation permanente »
dont je vous ai parlé ci-dessus, mais surtout parce qu'il faut généralement
discuter âprement de sujets qui agissent sur vos boyaux plus qu'un kilo de
sorbes pas mûres... Et bien, ce salon-là,
a été pour moi créateur d'embarras gastrique particulièrement sévère. Depuis ce
jour, ne me parlez plus de Drouant, je vous en prie instamment ! Le premier jour fut
loin d'être désagréable, bien que pour le dîner déjà, une certaine tristesse se
soit vaguement emparée de mon esprit. Le second jour, la réalité était là : il
fallait recommencer! Cela a été la bouffe à LA
PERIODE NOIRE (1959-1969) LES SIXTIES Le moins que l'on puisse dire, c'est que pour DUCO, ces années furent
une suite de fortes turbulences au cours desquelles le Bon et le Moins bon ne
cessèrent de se croiser. Nous ne pouvons en
parler, me semble-t-il, qu'après avoir rendu un respectueux hommage à ceux qui,
patrons et camarades ont quitté notre terre pendant cette décade: IN MEMORIAM. M.M. DUCHE, CORVAZIER,
FERRAND, ILLIG, BRUGUIERES, BRANQUE, SUCHET, CALMETTE, LAFUE, BOTTEREAU,
DUPORTAIL, THEURILLAT, DURFORT, CHOPPICK, SOINARD, MENEGAUX, CUNISSET (Père),
HOUCHARD, LAMB RECHT, VIEILLE, CORDONNIER, SIMONIN, REVILLE, JACQUOT, FORBRAS,
LENOIR, ROCHE, Madame MOREAU. Et que ceux que j'oublie me pardonnent de là où
ils sont. Ceux-ci, comme ceux qui disparaîtront plus tard, ont droit à notre
souvenir ému et affectueux. Ils
ont tous bien mérité de DUCO... Cette période
n'échappe pas aux aléas de la vie où tout n'est pas beau, bon et glorieux, mais
un mélange de choses bénéfiques, et d'autres beaucoup moins agréables. Les turbulences qui
vont survenir à la Direction mais aussi dans les différents services vont
profondément influer sur la vie même de notre Société. C'est tout d'abord le
remplacement de M.. CORDIER par M. GACHET à la tête du Groupe, et l'arrivée
d'un nouveau Président chez DUCO : M. ETIENNE. Disons tout de suite
que les méthodes de celui-ci s'avérèrent rapidement à l'opposé de celles de
notre ancien patron. Son principe directeur était qu'il fallait que DUCO
disposât le plus rapidement possible de collaborateurs jeunes et diplômés, que
l'on pourrait facilement former à devenir les « grands as des années
soixante dix ». Ses méthodes de commandement demeuraient « libres de
tout sentiment », comme il aimait à le dire. Pour lui, la sensibilité
n'était que de la sensiblerie, défaut capital qui ne peut que freiner toute
progression... C'était un précurseur,
en somme! Un de ces patrons modernes, constamment à la recherche de
performances et d'efficacité, et dont les "cadres" ne peuvent avoir
qu'une seule devise: « Toujours plus, toujours mieux - Zéro défaut -
Qualité totale... » Dur, dur... ! Mais
nous, les anciens, avons-nous le droit de le critiquer ? Sommes nous certains,
qu'aujourd'hui, notre mentalité ne serait pas identique à la sienne?
L'expérience prouve qu'un patron exigeant réussit mieux qu'un « brave type ».
Et nous, qui nous considérons comme ayant été de bons collaborateurs, nous
préférons les premiers aux seconds ! Cependant, nous
aurions aimé que celui-ci prenne un peu plus de ménagements: qu'il ait un peu
plus d'égards! Il nous aurait alors donné la sympathique impression d'avoir une
pensée pour ces cadres typiques, ces bons vieux serviteurs d'antan qui
s'identifiaient pleinement à leur « boîte » et dont toute la vie
s'écroulait brusquement, le jour où quelqu'un changeait les règles du jeu et
les plaçait sur une voie de garage. Ensuite, mais ceci
n'est-il pas la résultante de cela, pendant tout le cours de cette « période
noire », nous avons vu les postes de responsabilité soumis à d'incessantes
allées et venues. De nombreux anciens
vont donc partir ou être mutés, pour de multiples raisons. Mais n'étant plus
assez jeunes, n'ayant pas le profil type de l'homme idéal aux yeux du
Président, rechignant à se plier aux nouvelles règles qu'ils réprouvaient ou
comprenaient mal, ils partaient tout simplement parce qu'il ne plaisaient pas
au Président. Tous étaient pourtant d'excellents éléments. Même si certains
n'étaient seulement que très bons. DUBIEN, Directeur
commercial, fut nommé Directeur général adjoint, un poste qui dès le départ fut
purement honorifique. Mlle CAILLAUX, Directeur technique et de production, fut
placée au siège comme « Conseiller Technique ». A la tête de la « Société
chimique pour industries diverses » à Castres, là où DUCO s'était replié
pendant la guerre, elle s'occupa de la production des siccatifs (Nuodex) et de
la fabrication des premières peintures en poudre. PETRY, venu de Stoner-Mudge qui lui succéda,
occupa ce poste fort peu de temps remplacé par HAEGELI qui à peine eut-il
inauguré en 1963 « Le laboratoire-Nord » tout neuf qu'il partit au
siège comme « Conseiller technique et étude des produits nouveaux ! »
SAFFRE, responsable du
Laboratoire « Couleurs » se retrouva Chef de la « Démonstration »,
quant à DEBLACHE, Chef du Laboratoire « Air » il donna purement et
simplement sa démission pour partir chez Prochal, une filiale de Ciba. HELLER, déjà malade
(il devait succomber peu après d'une crise cardiaque) laissa le laboratoire
Bois à BOYER et bientôt à l'équipe AUSSEDAT-LEBAU et le Laboratoire
Electro-Ménager à BERTEAUX (Fils) et SAISON, le futur directeur technique,
poste occupé alors par PETRY. C'est à cette époque qu’ETIENNE
engagea un jeune centralien comme Directeur industriel: J.C. MAILLET, un autre
centralien B. CHOPINET va s'occuper des « Travaux » assisté de HOCHIN
à « L'entretien ». STEIN, Directeur
d'usine parti, PETRY fit venir STORCK de « Stoner » pour lui
succéder, assisté de ROCHETTE, responsable des Ateliers de production. ETAIX et ILLIG sur le départ eux-aussi, c'est POULAIN, jusqu'alors adjoint de Mlle CAILLAUX qui créa le service « Procédés de fabrication » et qui, avec DUFLOS va « révolutionner » les méthodes de production. Adieu les vieux broyeurs à boulets, le « WERNER à piston ! » les trois-cylindres, rangés au musée, et place aux « Disperseurs à sable » (le fameux sable d'Ottawa), modernes et plus rapides, autorisés sans redevance grâce aux travaux de DUBIEN aux USA entre 1940 et 1956.
Cette période fut
aussi marquée par un nouveau phénomène social: « la mise à la retraite
anticipée ! » Certains en
profitèrent, d'autres y furent contraints comme PERETTI (Directeur de la
comptabilité), ALBA (Labo SNCF), JEANBERT (liaison technique/commercial),
BRUGUIERES (relations publiques de M. DUCHE) et les secrétaires de DUCHE et
FERRAND, Mmes RIGNEAULT et POTIRON dont le sort était directement lié à celui
de leurs patrons! Et puis encore DESHA YES (chef du personnel) CUNISSET-père et
HENRY (Service Carrosserie intérieur et international), COURT (Adjoint au
Secrétaire général). PETRY et LAPORTE font partie des pertes importantes de ce
moment là, comme MORISOT plus tard, et SAISON, le directeur technique qui lui,
tiendra jusqu'en 1972. Les autres noms qui
vont suivre furent tous, ou quasi tous de très bons collaborateurs, techniciens
ou commerçants: DAMBLANT, ODENT, CARRON, GEORGES, DELACUISINE, PATERNOT,
CADORET, LEROY, ROUILLON, DELEPINE, sans oublier dans les Secrétariats: Mmes
BIZOUARD, GIACOMELLO, GILETTE ou LAPALUD et des « Démonstrateurs »
comme PLOMBTEUX et VIGUIER, et pardon à ceux que ma mémoire ne me permet plus
de citer ici. Que doivent penser les
nouveaux camarades arrivés au milieu de ces turbulences? Nombreux furent
heureusement ceux qui tinrent bon et réussirent à compenser toutes ces pertes. C'est à ce moment qu'un
handicap sérieux vient fondre sur nous. Alors. qu'on nous demandait d'obtenir
des super-résultats, la centrale de Dynamite manque de moyens financiers et
fait appel à Nobel-Bozel qui ne tarde pas à prendre le contrôle complet de DUCO
(ICI conservant néanmoins 20% du capital environ). La Nobel, avec les 52
sociétés qu'elle contrôlait, n'avait pas la trésorerie de ses appétits. Que de
tours de force et de miracles les ingénieurs et leur labo, la production, les
gestionnaires des stocks, les commerçants ont-ils bien pu réaliser alors tous
au bord de l'explosion, pour approcher les résultats demandés ! Au même moment, deux
coups durs sévères nous tombaient sur le crâne. Notre usine d'Alger fut
nationalisée par le nouveau pouvoir, sans compensation financière. Les
principaux responsables rentrèrent en France. M. JOUSSEN, polytechnicien,
ancien officier de l'armée de l'air, qui était directeur de l'usine devint le
bras droit de C. GUITTET, comme Directeur Général. M. ROGER fut nommé adjoint
de L. DUPRE LATOUR le Directeur commercial. M. DIDIER (père)
devint responsable du laboratoire Industrie, succédant à M. CAVELIER qui
s'occupera de Notre plus important
client dans le Bâtiment, les Etablissements Lesaint, que notre direction
générale avait exigé de gérer elle-même, furent mis en faillite. Le vieil adage
« A chacun son métier » prenait là une valeur de véritable postulat. Ces pertes sèches
venant s'ajouter à des acquisitions sans doute trop imprudentes, n'ont pas
arrangé notre trésorerie. Un terrain à Louhans (Côte d'Or) destiné à recevoir
notre nouvelle usine (décentralisation déjà... !) Enfin, de nombreuses
négociations en cours depuis longtemps connurent l'échec. Ce fut le cas avec
Astral- Celluco parti rejoindre AKZO Corona où nous exigions d'avoir la
majorité, la Seigneurie qui partit chez un « pétrolier », et Novemail
dans le département « Droguerie-détail », et Bouvet, le spécialiste
du bois, vendu aux Enfin, à mettre
également au débit de cette période, la dégradation lente mais certaine, des
rapports entre les Directions Générales de DUCO et I.C.I., ainsi que la rupture
des relations amicales avec notre principal Confrère Valentine et sa
déclaration de guerre qui nous força à modifier notre tactique commerciale et
surtout, nous fit perdre l'exclusivité de la fourniture des laques chez Simca. Mais que personne ne
s'attriste: nous l'avons dit, ce sont là les aléas normaux qui surgissent
toujours, un jour ou l'autre, dans la vie. - C'est ainsi que
s'achevait le manuscrit de notre ami XM ABBATI. - L'idée de tout arrêter là faillit s'imposer à nous tant la tâche à
accomplir (et sans lui) était énorme. Et puis, dix ans
après, et de nombreuses recherches, et grâce à la collaboration de quelques
fidèles "Anciens" ayant vécu cette période, nous avons rédigé la fin
de cet ouvrage. LES GRANDES
INNOVATIONS La situation
financière de la Société à cette époque est loin d'être mauvaise. Nous sommes
en effet les premiers pour les "Peintures industries", notamment près
des Constructeurs automobiles, et ce, malgré nos pertes chez Simca. Nous occupons la
deuxième place en « Carrosserie », et un rang très enviable dans le « Bâtiment »
grâce à GUITTET et EUROCOLOR. Ce qui, en chiffre d'affaires nous situe en
troisième position derrière CORONA et VALENTINE. Cela va nous aider au
moment d'affronter la concurrence en face des grands changements technologiques
qui se préparent. Pour les Carrossiers,
ce sera l'avènement des « machines à teinter » grâce auxquelles
l'utilisateur réalisera lui-même sa teinte ! Un autre grand secteur
de notre profession va lui aussi connaître sa révolution avec « L'ELECTROPHORESE »
utilisée pour le revêtement industriel dans l'automobile ! Présent au démarrage
des études de laboratoire et grand spécialiste dans ce domaine, laissons notre
ami G. DAMBLANT nous raconter cette grande aventure. DUCO ET
L'ELECTROPHORESE par Guy. DAMBLANT
Dés le début des
années 60, les essais à l'échelle industrielle commencèrent aux Etats Unis chez
Ford en association avec Glidden et en Angleterre chez Pressed Steel dont le
partenaire était ICI. Des cuves pilotes de 40 à DUCO étant filiale à
25% du groupe ICI avait un contrat qui lui donnait, moyennant royalties, accès
aux nouvelles technologies. Au début 1964, un accord fut signé entre les deux
sociétés et une mission fut dépêchée à Slough, siège du centre de recherches
anglais, pour en rapporter le maximum d'informations afin de commencer, aussi
rapidement que possible, les premiers travaux à Stains. Dès le mois d'avril,
une petite équipe était constituée dirigée par J .P. NETILLARD venu de la
Société Guittet. Le matériel nécessaire
était approvisionné et les premières mises au point purent débuter. Il
s'agissait, dans un premier temps, de reproduire le processus de fabrication
puis de préparer des échantillons et, enfin, de les présenter à nos futurs
clients. La formule originale reposait sur une résine phénolique du commerce ce
qui présentait quelques graves inconvénients, non-maîtrise du coût et de la
qualité, difficulté à faire progresser le produit et incertitude à terme sur la
fiabilité des livraisons. Aussi, ICI, a réussi à développer sa propre
technologie résine, reposant sur des esters d'époxy, dont on pouvait avoir la
responsabilité totale; cette technologie nous fut transmise vers la fin de l'année
64 et, avec ajustements et améliorations, elle a suivi DUCO tout au long de son
aventure électrophorèse. Il faut, à ce sujet, rendre hommage à l'excellent
travail de Monsieur CAHN et de son équipe qui ont su, brillamment, au fil des
années, adapter, développer et fabriquer ces résines anioniques avec un suivi
de qualité qui a assuré le succès du produit jusqu'à l'apparition des résines
cationiques au début des années 80. Pour compléter les
informations transmises à nos clients et leur permettre de constater, en vraie
grandeur la faisabilité du procédé, la direction, sous l'impulsion de Jacques
SAISON, procéda à un important investissement sous la forme d'une petite ligne
pilote, installée dans les locaux de l'usine de Stains et placée sous la
responsabilité de C. ROQUES. Cet équipement comportait un convoyeur, une cuve
de L'apparition de cette
technique de revêtement révolutionnaire suscita un grand intérêt chez les
constructeurs français qui entrevoyaient là une solution à leurs problèmes
chroniques de corrosion et de perforation des véhicules. De nombreuses
publications fleurirent, des colloques et séminaires furent organisés
permettant aux fournisseurs potentiels disposant de cette technologie de
présenter leurs produits, de détailler leur mode d'exploitation et de
s'affronter en comparant les avantages des différentes mises en œuvre. Les
concurrents directs de DUCO sur le marché français étaient alors Merville &
Morgan qui exploitait une licence Glidden et Corona lié à PPG ; les étrangers
étaient aussi présents par DKH et Glasurit utilisant des brevets allemands ou
japonais. Grâce à l'action
commerciale vigoureuse et efficace menée par Messieurs WEIL, ABBATI et BERTEAUX
des contacts techniques purent rapidement être établis avec les quatre
constructeurs français de l'époque. Le processus d'homologation était, chez
chacun d'entre eux, pratiquement le même: essais en laboratoire sur des bains
de 4 à Les différents
constructeurs avaient des objectifs communs: remplacer les trempés de bas de
caisse, peu résistants à la corrosion, par une couche uniforme de 15 à 20
microns, la gamme restant la même avec un apprêt au pistolet et les couches de
laque. Peugeot, en la personne de son directeur de la Carrosserie, Monsieur
DUCLOS, avait un objectif beaucoup plus ambitieux: déposer une couche de
primaire électrophorèse de 30 à 35 microns, sans rinçage sur laquelle la laque
serait appliquée directement. Ce processus devait à la fois améliorer
notablement la qualité mais aussi apporter par son automatisation, de
substantielles économies.
Les propriétés
requises étaient très loin des performances initiales du produit; de longs mois
de mise au point furent nécessaires à l'obtention du résultat désiré.
Finalement, un échantillon fut homologué et autorisa le remplissage de la cuve
pilote où de nombreuses caisses furent traitées dans le courant de l'année
1965. Ces essais se poursuivirent au cours des années suivantes débouchant sur
des améliorations de stabilité et de pénétration. La décision de passer à
l'échelle industrielle fut prise et en 1968 quatre lignes parallèles étaient
lancées, assurant la production totale de l'usine soit 1600 véhicules / jour.
Il faut reconnaître que l'objectif initial ne fut que partiellement atteint
après plusieurs mois de production difficile, Peugeot dut admettre la nécessité
d'un rinçage après trempé, à la fois pour des raisons techniques et économiques
et a procédé à des modifications d'installation. La position de Renault
était plus mesurée; fabriquant ses propres peintures dans son usine du Mans, la
Régie tenait d'abord à s'assurer de la fiabilité du procédé avant,
éventuellement, de conclure des accords de licence. Nos produits furent essayés
puis homologués en laboratoire à Billancourt et furent testés en vraie grandeur
sur une chaîne de production de roues à Sandouville à partir de 1965. Résultats
très satisfaisants mais qui ne débouchèrent pas sur une exploitation sur
caisses. Renault préféra par la suite développer sa coopération avec DKH en
utilisant une technologie allemande dans les années Nos excellents
rapports avec les laboratoires de Poissy et notre position de premier
fournisseur chez SIMCA nous permirent de réaliser de très nombreux essais et de
faire homologuer le produit. Malheureusement, les difficultés financières de la
société (alors Chrysler) n'autorisèrent pas l'utilisation industrielle qui
nécessitait des investissements lourds. Ce ne fut que beaucoup plus tard, à la
fin des années 70 que des trempés électrophorèse remplacèrent le vieux trempé
solvant. Notre entrée chez
Citroën fut plus difficile: depuis de longues années la présence au laboratoire
central d'un ancien collaborateur de DUCO nous interdisait toute livraison.
Néanmoins, la nouveauté du procédé incita la direction à essayer le primaire
électrophorèse, de nombreux tests furent effectués en laboratoire et, en 6566,
une cuve de La pleine réussite du
lancement du primaire électrophorèse en France, avec l'aide sympathique et
efficace de nos amis anglais a justifié la confiance mise à l'époque en cette
nouvelle technologie ainsi que les importants investissements réalisés à l'époque
tant en matériel de broyage qu'en réacteurs de cuisson de résines. Elle a
assuré pendant près de dix ans une position dominante de DUCO sur ce marché,
entraînant une prospérité incontestable. Durant cette période des produits
anioniques concurrents sont apparus qui, sans posséder toutes les qualités,
notamment anticorrosion, de notre produit, ont réussi à prendre place sur le
marché. Les recherches continuaient à travers le monde pour mettre au point un
produit cationique dont les propriétés surpasseraient de très loin celles des
primaires anioniques. ICI poursuivait ses recherches dans cette voie mais ne
réussit pas à mettre au point un produit vraiment opérationnel; pour des
raisons de stratégie interne, ICI préféra concentrer ses efforts sur les peintures
bâtiment qui constituaient sa force principale et réduisit ses équipes de
recherche axées sur l'électrophorèse jusqu'à abandonner complètement ce
créneau. Ne disposant plus d'un support technique venant d'Outre-Manche, DUCO
fut incapable de répondre efficacement aux attaques de la concurrence et perdit
peu à peu ses positions et vit sa principale source de profit se tarir, avec
son cortège de cessions et absorptions qui déboucha sur le résultat fatal que
tout le monde connaît. Au laboratoire « Constructeurs » dirigé par
P. BERTEAUX il règne toujours une grande activité pour la mise au point de
nouveaux produits. R. DUFLOS arrivé en renfort dans ce laboratoire nous
relate deux faits caractéristiques de l'état d'esprit offensif qui y régnait
alors. LE RETOUR CHEZ CITROËN par R. DUFLOS
Il s'agissait d'un
gris métallisé. Tous les essais étaient négatifs, refusés à cause de la
présence de nombreuses piqûres ! Il faut dire que
Citroën était le seul et le dernier à utiliser des laques métallisées en
Glycéro, avec séchage en tunnel I.R. Alors que tous ses concurrents
travaillaient en acrylique depuis longtemps. Après discussion avec
son ami P. BERTEAUX pour savoir si nous étions prêts à relever ce défi, il eut
le feu vert pour faire -mine de rien- la proposition de nos services. C'est
donc en désespoir de cause que Citroën nous autorisa à présenter notre produit,
très rapidement. Cela ne fut pas
facile. Je le répète, nous avions abandonné depuis longtemps ce genre de laque.
Un rendez-vous nous fut fixé pour un vendredi, à la première heure. C'était
le Vendredi Saint ! Les contrôles du Labo
étaient bons, G. DARCIS (Notre ami GILBERT qui eut une fin tragique, dans un
accident de voiture avec sa femme et sa fille, en partant en vacances pour son
cher Mimizan) nous avait fignolé la teinte, et avec C. LEFER nous partîmes donc
très confiants. Un premier élément fut
peint, en présence de M.M TROUCHE et HARRING, excusez du peu! La pièce fut
examinée à la loupe -verdict: "c'est rempli de piqûres !". Invisibles
à nos yeux, ces piqûres étaient sans doute des petits grains d'alu. Passons!
Nous avons droit à un essai de rattrapage avec un diluant plus lourd. Là
encore, pour nous, le résultat est bon. Ne voulant pas paraître céder
facilement, on nous oppose un argument imparable: « Vous n'êtes pas à la
teinte, retournez à
l'usine, faites la correction nécessaire et revenez cet après-midi. » La matinée était déjà
bien avancée et nous ne sommes arrivés à Stains qu'après quatorze heures. Pas grand monde à
l'usine en cette veille de fête, seule au Labo Colorimétrie H. CHAROFF accepte
de faire une correction de pur principe. Sans même prendre le temps de manger
un morceau, nous repartons chez Citroën où on nous attendait pour peindre un
véhicule. Ce fut un succès. Sans doute, à contrecœur, nous fûmes homologués. -« Revenez lundi
avec la peinture pour une dizaine de voitures ». « Lundi ?"
Je laisse tomber: "Impossible, c'est Pâques ». On regarde d'un drôle
d'œil ce jeune impertinent qui se permet cette remarque. Ils ont besoin de
nous, nous avons besoin d'un peu de temps. Après discussion, le délai est fixé
à une semaine. C'est bien court. En effet, l'essai réalisé ne l'est pas à
partir d'un échantillon prélevé sur une fabrication suffisante pour les dix
véhicules, comme cela aurait du être, mais sur une réalisation de quelques
litres, au Laboratoire ! Dès le mardi, la vraie
fabrication est déclenchée en urgence et nous tiendrons les délais! - A petite chose,
grands effets. L'année suivante nous
serons autorisés à présenter une teinte métallisée pour la ligne de O.S. de
l'usine de Rennes, ainsi que d'autres, unies, pour les Ce succès fut
certainement pour quelque chose quand J.P. TOURNILLON sera homologué avec les
laques DUCO pour assurer le démarrage de la toute nouvelle usine d'Aulnay. FIAT-UNIC (Usine de
Trappes) par R.DUFLOS
Une réunion de crise
fut organisée à Trappes. Présidée par le grand patron de Fiat-Unic, entouré de
ses principaux collaborateurs, il y avait autour de la table les représentants
des chaînes de montage et d'étuvage, une équipe complète de DUCO avec la direction
technique, les responsables des laboratoires « Electrophorèse », « Constructeurs »
et le Service commercial. C'est la réunion la
plus étonnante à laquelle il m'ait été donné d'assister ! - Messieurs: Nous
avons en stock de quoi assurer notre production de trois semaines. - En peinture, vous
avez donc quinze jours pour prendre le relais. - Je ne veux plus
entendre des rejets de responsabilité entre les Fournisseurs de sous-couches et
de laques, ou avec nos installations. Tous les protagonistes sont autour de
cette table. Mettez-vous d'accord sachant que DUCO fournira les revêtements
peintures de A à Z ! - Pas de questions? - Je vous laisse
travailler - Rendez-vous dans
deux semaines. Cela
avait le mérite d'être clair et net. Il ne restait plus qu'à exécuter. Nous avons donc
récupéré toutes les indications techniques relatives à la chaîne: vitesse de
défilement, matériel d'application, courbes thermiques des fours entre autres.
Une jeune fille charmante nous procura les plaquettes des teintes, Mlle. A. CESARINI,
celle-là même qui devait venir seconder J. JONCKHEERE une dizaine d'années plus
tard ! La première semaine
fut consacrée à une multitude d'essais au laboratoire pour mettre au point un
arrêt-four couleur pain d'épices, et le « blanc Unic », la principale
laque de chaîne. La deuxième semaine,
avec quelques petites fabrications pilotes, nous avons, avec C. LEFER
positivement pris pension à l'usine de Trappes. Ce fut une belle
réussite! L'apprêt est homologué sans grandes modifications, les utilisateurs
le trouvent même meilleur que l'ancien ! Puis c'est le blanc
qui passa tous les tests pour être agréé. Suivirent les autres teintes en
commençant par un superbe rouge vif. Quelques semaines plus tard on nous commanda
même une peinture kaki-mat pour livrer 400 véhicules à l'armée chinoise. Une longue
collaboration allait pouvoir se mettre en place, sous la bienveillante
animation commerciale de notre ami Marc SAUVAGET. Enfin, il s'est
produit à cette occasion un événement unique dans ma carrière chez DUCO. C.
LEFER et moi-même reçûmes les félicitations officielles de notre Direction (ce
qui à nos yeux était déjà beaucoup) avec une petite prime pour récompenser nos
efforts et tout le temps consacré à cette réussite. Cette pratique n'existait
plus depuis longtemps et ne se renouvellera jamais! LA CARROSSERIE, L'ARRIVEE DES MACHINES
A TEINTER par J.F LEBAU
Depuis sa création, on
fournit au carrossier réparateur une teinte toute prête, réplique de celle
d'origine, en qualité nitro-cellulosique dans les débuts, puis en alkydes, les
laques glycérophtaliques ensuite. Il n'y avait que peu
de teintes sur le marché: Le noir, bien sûr: avec aux USA les Ford, en France,
les célèbres tractions-avant Citroën 11 et 15CV, et des blancs cassés ou des
ivoires. Mais, petit à petit,
les constructeurs innovèrent avec des gris, des bleus, des verts et même des
rouges malgré leur coût. Les deux grands
fabricants de teintes pour la réparation à savoir Valentine et DUCO, qui se
partageaient 80% du marché furent alors obligés de stocker toutes ces teintes
sortant chaque année des usines. Mais, comment savoir à
l'avance la couleur des voitures les plus accidentées? Pour répondre le plus
rapidement possible à la demande il fallut donc stocker de plus en plus ! De plus, certaines
teintes peu demandées devaient être « réutilisées » dans le service
des R.A.D., Retour A DUCO ! Bref, c'était devenu
un problème financier qu'il fallut résoudre grâce au service technique. Bien
sûr, la même question se posait aux U.S.A. C'est alors que Ces bases étaient
alors au nombre de 70! La réaction de DUCO,
et de Valentine aussi d'ailleurs fut très nette: Jamais nos clients
n'accepteront de réaliser eux-mêmes la teinte demandée !!! Les Anglais, puis les
Allemands prirent sagement le chemin de la machine à teinter, mais DUCO mit
cinq ans avant de réagir vraiment et de se lancer à corps perdu dans Les couleurs pouvaient
changer dans le temps, au soleil, aux intempéries, ou par mauvaise qualité des
pigments et elles posaient au carrossier, qui n'était pas un coloriste, le
problème de la réparation invisible. Les ajustements de couleur devenaient
désormais possibles grâce aux fameuses « teintes de base ».
Les difficultés pour
réaliser une teinte exacte étaient en effet de deux ordres: une parfaite
homogénéité de la teinte de base, d'où le pupitre avec les agitateurs
permanents, et une pesée, ou une mesure volumétrique exacte des quantités de
chacune d'elles, à l'aide d'un plongeur pneumatique déterminant avec précision
la hauteur de liquide.
La fin de cette
période "noire" avait été marquée par les grands mouvements sociaux
de mai 68 ! Malgré la fermeture de
l'usine pendant plusieurs semaines, il n'y eut pas trop de bouleversements et
dans l'ensemble, on ne peut pas dire non plus, qu'il y a eu des"
représailles" envers les grévistes, volontaires ou non. Reconnaissons
cependant que les principaux « meneurs syndicaux » ont vu leur plan
de carrière singulièrement freiné, alors que pour d'autres ... ! Et pour tout le
monde, sans distinction, il a fallu rattraper le temps perdu... en dépit du
proverbe! Bref, donner un sacré coup de collier, heureusement contrebalancé par
la perspective de l'allongement des congés payés! A quelques éléments près, les
équipes commerciales, techniques et de production vont rester en place pour la
période « rouge » qui ya s'ouvrir. LA
PERIODE ROUGE (1970
- 1979) C'est J.C. MAILLET,
qui avait été engagé par M. ETIENNE, qui dirige la Société. Une nouvelle structure
financière est également mise en place. La Centrale de Dynamite qui possède 50%
de ROUSSEL-U.C.L.A.F. est engagée à hauteur de 43% dans le groupe NOBEL-BOZEL
qui détient 50% de NOBEL-HOECHST, 41 % d'ISOREL et 80% de DUCO. Les efforts vont
porter sur les deux secteurs de base piliers de la Société et qui restent
lucratifs: les « Constructeurs » et la « Carrosserie ». Nous avons vu comment
avait démarré l'électrophorèse et comment des techniciens de valeur comme B.
DELOUIS sont venus étoffer l'équipe de départ dont faisait partie Judith AMMAR.
Malheureusement, J. SAISON, va quitter la Direction technique dès 1972. Chez
les « Constructeurs », en 1973, arrive J.P. TOURNILLON appelé à
succéder à P. BERTEAUX quand celui-ci partira en retraite en 1975. Dans les services
commerciaux, la cohésion semble fragile entre J. SAUVAGET et M. CASCUA, au
point que ce dernier quittera la société en 1974. Une réorganisation devra se
faire autour d'A. SANTELLI, responsable des chefs de région, et B. BRUNEAUX (en
1975) pour la « Carrosserie », et dont la direction d'ensemble sera
ensuite assurée par l'arrivée de M. JUSMANN en 1976. Cette époque marqua un
profond changement dans le comportement de nos clients. Les produits proposés
tant par nous-mêmes que par nos principaux concurrents étaient excellents, si
bien que la qualité seule ne suffisait plus. Il fallait y ajouter le service,
la promotion, une action commerciale active et si possible originale. C'est ainsi que fut
organisée cette visite américaine que nous relate M. CASCUA, puis les années
suivantes les sorties sur les grands circuits automobiles français dont nous
parle J.F. LEBAU. UN VOYAGE AMÉRICAIN
Après des débuts
hésitants, la machine à teinter qui va révolutionner le travail du carrossier
s'implante de plus en plus. Comment suivre ce mouvement et marquer la position
en pointe de notre Société? L'équipe envisage un projet un peu fou! : Emmener
un groupe de carrossiers français en visite aux U.S.A. pour voir et comparer
nos méthodes. Mais comment faire une
sélection de nos Clients, et comment équilibrer le budget de ce grand voyage?
Le problème était plus que difficile. Il fallait sérieusement argumenter notre
projet avant de le présenter à la Direction ! Boston semblait être
la destination toute indiquée pour ce séminaire d'information qui devrait
comporter un programme très éclectique. Une visite d'atelier
de « Tourisme et Poids Lourds » ; la rencontre avec des dirigeants de
chaînes de station de peintures complètes; des discussions avec des élèves de
lycées techniques entourés de leurs éducateurs; des exposés par d'éminents
professeurs d'Harvard. Que pourrions-nous
attendre de ce voyage? Pour les participants une ouverture sur les techniques
appliquées en Amérique en comparaison avec nos propres méthodes, pas forcément
en retard, et une vision sur le futur de Restait l'épineux
problème du financement de cette expédition. Notre Direction donna son accord à
une condition: que les participants payent une importante partie de leur voyage ! Malgré cela, 160 de
nos principaux Distributeurs consentirent à mettre la main à la poche pour
participer à ce voyage ! Ce fut un énorme
succès dont on parla encore longtemps après ! X.M. ABBATI raconte les enseignements à retirer de cette expérience Un grand voyage par
XM ABBATI, Directeur
à la Société française DUCO « Un grand
voyage oui, amical et utile... Amical, parce qu'il
réunissait des gens d'un même milieu passionnant, parlant tous le même langage
et s'estimant mutuellement. Utile, non seulement parce que nous avons pu voir
de près vivre les habitants de ce pays champion de la libre entreprise, mais
aussi parce qu'il nous a permis d'abandonner nos complexes. Les complexes de
Français que nous avons toujours tendance à transformer en critiques à l'égard
de ce que nous voyons autour de nous, dans notre pays... Si
les voyages forment la jeunesse, ils forment aussi les adultes et nous avons pu
constater là-bas qu'en dehors de cette connaissance de la rentabilité encore
trop mal utilisée par la plupart d'entre nous, nous nous trouvions en présence
d'une profession qui, confrontée aux mêmes problèmes que les nôtres, n'avait
pas mieux réussi à les résoudre. Et en y mettant un tantinet de chauvinisme,
n'avons-nous pas retiré l'impression même, que dans bien des cas nous aurions
des conseils à leur donner.. Nos défauts sont
grands, certes, mais ne sont-ils pas plus superficiels que réels? Et quand nos
qualités peuvent s'épanouir, que ne réussirons-nous pas à réaliser ? Que ce voyage donc
nous ait permis de faire le point et de balayer les idées noires des Cassandre
de toute espèce! Les professionnels de l'automobile ont encore de beaux jours
devant eux! Et notre Société DUCO est fière d'avoir à continuer longtemps dans
la voie qu'elle s'est tracée: les servir et grandir encore avec eux.. » En définitive il nous
paraissait que le réparateur américain cherchait surtout à tirer profit de son
intervention auprès de son client, alors que nous cherchions, nous, à lui faire
plaisir par un travail aussi proche de la perfection que possible ! L'information, la
recherche de solutions modernes seront désormais au premier plan pour la
réussite de cette nouvelle orientation de notre profession. Ces idées, M. CASCUA
eut sans doute du mal à les faire passer puisqu'en désaccord avec la Direction,
il quitta son poste d'agent général en 1974 ! Comme pour tous les
artistes, ce fut une fausse sortie! Mais une longue absence ! Il ne reviendra
en effet dans "sa chère société" qu'en 1983 à l'appel de J.P.
BOURRILLON et J. JONCKHEERE. Mais c'est une autre histoire... ! LES SORTIES EN CIRCUIT
AUTOMOBILE par J.F LEBAU Dès son retour des
U.S.A., M. CASCUA chercha une formule originale pour relancer nos laques et
réparation automobile. En effet, les séries DUXONE, AUROCH et D.L.R. avaient
atteint leur développement technique, et pour les maintenir sur le marché en
attendant l'arrivée de la nouvelle génération de produits en préparation dans
les laboratoires, il fallait leur donner un vigoureux coup de fouet de
promotion commerciale. Le secteur « Carrosserie »
qu'il dirigeait était divisé en « Régions » avec chacune un
responsable local: M. LOSFELD pour le Nord, P. PAYER pour l'Est, HARDOUIN pour
l'Ouest, A. MORGANA pour le Sud-Est, A. COURTESOLLE pour le Sud-Ouest et A.
SANTELLI pour la grande région parisienne. (C'est lui qui succéda à M. CASCUA
en 1975). Quant à J. LE GOFF, il avait en charge les concessionnaires Peugeot
et Citroën. De là naquit l'idée de
mettre en place une action décentralisée. Chaque chef de région fut invité à réunir
ses meilleurs clients, mais où ? Pourquoi pas sur un
circuit automobile ? Ce fut plus difficile
à faire qu'à dire ! D'abord, cela
réclamait une grosse organisation pratique, la réservation des circuits, la
présence de champions de la spécialité, mais, quand M. CASCUA a une idée dans
la tête... ! De grandes
manifestations sportives ont donc eu lieu au Castelet, à Magny-Cours et au Mans
avec des pilotes émérites: J.P. JAUSSAUD (qui gagnera les 24 heures du Mans en
1978 et 1980), COURAGE, SEGUIN, J.P. BELTOISE, et J. LAFFITE. Les « bolides »
-des Formules 3- passaient d'abord à l'usine où ils étaient entièrement peints
et décorés avec notre LOGO. C'étaient des véhicules à deux places: un baquet
pour le pilote, et un siège pour le passager. Le jour de la réunion chaque « bon
client » sélectionné, après avoir revêtu une combinaison et mis le casque
réglementaire, pouvait s'installer à côté du conducteur et vivre une belle
émotion: deux tours de l'anneau de vitesse, comme s'il participait à un grand
prix ! Le circuit Paul Ricard au Castellet Les jambes étaient
parfois flageolantes au terme de cet exercice ! La réussite fut
présente partout et les participants en gardèrent un souvenir marquant. Une
fois cependant... ! C'était au Mans. Là
comme partout, nous avions souscrit une assurance spéciale pour la durée des
démonstrations qui devaient se terminer à 18heures. Vers 17heures 50, R.
ARNAULT -notre Agent général du secteur « Industrie »- veut
absolument faire plaisir à un de ses meilleurs clients et sollicite pour lui
l'autorisation de faire un dernier tour de circuit. A 18heures, la voiture
n'est pas rentrée! L'attente interminable se poursuit... 18 heures 05, puis
18 heures 10. Toujours rien. B. BRUNEAUX et moi, responsables de la sécurité de
nos clients, commençons sérieusement à nous inquiéter. Notre angoisse prendra
fin cinq minutes plus tard quand la voiture arrivera au stand. « Rien de grave »
nous dira le pilote, « une embardée dans un virage, suivie d'un tête à
queue... la routine »! Ce ne fut peut être pas l'avis de son passager qui
avait dû connaître la frayeur de sa vie! Malgré tout, ces
manifestations marquèrent fortement et nos clients et nos concurrents ! L'avenir du secteur
"Carrosserie" semblait assuré au moins... provisoirement. LES SECTEURS
"ANNEXES" L'Automobile - Constructeurs et Carrosserie - représentait
un gros secteur d'activité, mais d'autres produits étaient mis au point pour
des domaines bien différents comme l'industrie du bois, l'électroménager, le
bâtiment. Les peintures en
poudre commençaient à être commercialisées et la Société faisait des tentatives
louables pour favoriser l'exportation de certaines de nos fabrications. LE LABORATOIRE
"BOIS" par J.F. LEBAU Le bois est un
matériau vivant. Ce slogan de Dupont de
Nemours doit toujours être présent à l'esprit du metteur au point des produits
fabriqués pour ce support. Mes exposés pour notre
clientèle ou nos stagiaires commençaient immuablement par cette phrase tant
elle a d'importance. C'est d'ailleurs un sujet de gentille moquerie de mes
petits-enfants, quand il m'arrive - et c'est fréquent !- de prononcer le mot
bois. Ce département « vernis
et laques » n'a malheureusement jamais connu le développement qu'il
méritait à mes yeux. Et pourtant, la nitro-cellulose, déjà utilisée comme
matière première dans l'automobile (FORD 1920), va remplacer l'huile dans les
vernis pour le bois, et de ce fait, en permettant un séchage très rapide,
autoriser l'apparition de chaînes industrielles: une révolution! Dès 1928, la Société
bénéficie des formules transmises par Dupont de Nemours, mais il faudra
attendre l'après guerre et le début des années 50 pour que, sous la houlette de
M. HELLER, un véritable laboratoire de mise au point soit créé à Stains, dirigé
par M. BOYER. La gamme va des bouche-pores aux vernis à brillant direct, ou à
poncer et polir, avec un fleuron (le fameux IF 2264 pour les intimes")
produit à 100 tonnes par mois ! Pourtant le secteur
"vivote" du vernissage des ébénisteries de téléviseurs en noyer,
acajou ou palissandre, ou des... cercueils ! A ce propos, je ne
résiste pas au plaisir de vous raconter la petite anecdote suivante : -Les « Pompes
funèbres » d'Aubervilliers
étaient un client important. Un jour, un de ses chefs d'atelier arrive à
Stains, catastrophé et demande à voir M STERN - le joyeux Charly- du
Magasin « Réserve ». "Je manque de vernis cellulosique. Il m'en faut
d'urgence pour terminer une commande ». Mais, pas de stock disponible. On
m'appelle à la rescousse pour savoir, si par hasard, je ne dispose pas d'un peu
de ce produit au laboratoire. C'est oui; le client est dépanné. Et ravi, en
quittant M STERN : -« Si vous
avez besoin de nos services, je vous ferai un prix, et même j'y ajouterai un
petit coussin de soie sous la tête!!! » Inconscience ou humour macabre? J'ignore d'ailleurs s'il a tenu sa
promesse ! La recherche du gros
client devient vite un désavantage quand on le perd ! Pourtant, en C'est alors que des
produits révolutionnaires vont arriver d'Allemagne: les Polyesters, très garnissant,
très brillants, et les Polyuréthannes à la durabilité extraordinaire, employés
aussi bien pour les parquets que pour les bateaux. Avec de nombreux collègues
ingénieurs: MM. AUSSEDAT, LEMERCIER, ODENT, puis M. MORISOT, nous tenterons, en
vain, d'enrayer la progression allemande sur le marché français durant cette
période. En 1955, notre amis M.
THEURILLAT avait mis au point une série « teintes pour bois » pour
aider au développement du secteur, sans grand succès. Il partira d'ailleurs
trois ans plus tard, pour créer sa propre entreprise, commercialisant ses
produits sous le nom de « THELIA ». Enfin, le bois va
subir un assaut important de la part des matériaux composites autrement dit des
« plastiques ». Nous essayons malgré
tout de tenir le cap avec M. COJEAN, Mmes NEUMANN et DEVEZ et d'excellents
représentants - démonstrateurs: MM. FOULON, VALLÉ, FEHRNBACH. C'est avec de la peine
qu'en 1971, je quitte un laboratoire à la mort annoncée! Je vais alors succéder
à MM. BESANCON et GEYSKENS à l'atelier « Démonstration » pour
l'industrie et la carrosserie et créer « l'école-service » à la
demande de M. CASCUA. Cette nouvelle tâche, au demeurant passionnante,
m'éloigne pas mal du bois, mais ce domaine gardera à tout jamais une place à
part dans mon cœur! Au cours des quinze
années qui vont suivre, je vais recevoir à Stains plus de 1500 stagiaires:
agents techniques, démonstrateurs, agents des concessionnaires ou les
personnels de nos distributeurs. De nombreuses conférences, regroupant parfois
jusqu'à 600 auditeurs-clients, vont m'amener très souvent en province au cours
de ces années là ; en particulier pour les « Salons-Carrosserie »
dont nous reparlerons. Et puis, ce fut un départ sans douceur en 1987. Il ne
faut pas sombrer dans la mélancolie pour autant, mais mettre notre énergie à
faire survivre notre Chère vieille Société au travers de notre Association. Mais pour combien de
temps encore...! LE SECTEUR LM.F.
(Industrie-métal four) par Mme P. CHARRON Cette grande division
s'occupe de la mise en peinture de tout le matériel métallique (hors
automobile) par un revêtement qui doit subir une cuisson à haute température. Une des branches
importantes de son activité est l'électroménager qui a été à l'origine de la
création de ce laboratoire. Dans le passé, les
appareils ménagers: cuisinières, gazinières, fours étaient revêtus d'une couche
d'émail. Cet émail, toujours blanc, était pulvérisé en forte épaisseur sur le
métal chaud, puis cuit dans des fours à 800 – 850°. Très résistant
chimiquement, il était malheureusement très fragile mécaniquement. De plus, les
énergies thermiques mises en jeu étaient considérables. Le fort développement
de l'équipement ménager dans les années 60 : réfrigérateurs, machines à laver,
amena la Société à s'intéresser à ce nouveau secteur, et à mettre au point des
peintures adaptées, en profitant de ses connaissances dans l'automobile. A l'origine, le laboratoire fut brièvement dirigé par
M. HELLER, puis par M. SAISON son adjoint, assisté de M. J. BERTEAUX. Ensuite,
c'est M. ANDRIEU qui dirigea le service pendant quelques années. De 1970 à
1980, H.BOHNERT, J.SANSON et M. ROUSSEAU en auront Le laboratoire LM.F. avait deux domaines principaux
d'activité. D'une part, l'électroménager proprement dit et d'autre part le
mobilier métallique et les accessoires : portes, cloisons. Les cahiers des
charges étaient rigoureux et la mise au point de laques adhérant directement
sur le métal posait de nombreux problèmes. Ce sont des peintures à base de
résines acryliques qui répondirent le mieux aux exigences de nos principaux
clients, comme THOMSON. Après quelques années, la nécessité d'augmenter la
production et la rentabilité va bouleverser ce bel équilibre en introduisant
les chaînes industrielles avec application automatique en système
électrostatique. Il fallut donc prendre en compte de nouveaux
paramètres pour adapter nos peintures à cette nouvelle technologie. C'est à
cette époque que les peintres en combinaison blanche disparurent des chaînes
devant l'automatisation accélérée! Pour respecter ces nouveaux critères, il
fallait trouver une solution de remplacement aux peintures acryliques qui ne
pouvaient plus suivre Les premiers essais
industriels eurent lieu chez THOMSON à Lesquin, le grand constructeur de
réfrigérateurs. Ils s'étendirent ensuite à l'ensemble du secteur, sur les
machines à laver le linge, la vaisselle, ainsi que sur les congélateurs, les
cuisinières ou les fours en tout genre. En ce qui concerne le
mobilier métallique et les accessoires, l'évolution n'eut pas, et de loin, la
même amplitude. Pour les portes ou les cloisons, chez K.Z. par exemple, c'était
toujours la "bonne vieille" laque glycérophtalique qui donnait les
meilleurs résultats. Les problèmes n'étaient pas absents, malgré tout, mais les
réclamations concernaient surtout l'aspect satiné obtenu -critère difficile à
maîtriser- ou la couleur, ce qui nécessitait alors l'appui du Laboratoire
dirigé par Mme. J. JONCKHEERE. Grâce à son efficace collaboration, nous avons
ainsi pu, en fabriquant par 20 tonnes à la fois, assurer la production
d'HAUSERMAN, notre principal client dans ce secteur! C'était l'équivalent d'un
Constructeur Automobile! C'était l'époque de
notre apogée! La suite fut moins brillante. Malgré de gros efforts, sous la
forte poussée de la concurrence, nous allons perdre nos plus gros clients, sans
pouvoir les remplacer par d'autres. Le service LM.F. électroménager, un peu à
l'image de toute la Société va sombrer peu à peu, jusqu'à cesser complètement
toute activité. LES PEINTURES EN
POUDRE Une peinture sans
solvants, qui n'a pas l'aspect liquide mais se présente sous la forme d'une
poudre fine, voilà bien une idée qui avait le don de déclencher un sourire
dubitatif (voire narquois) avant les années 60, et pourtant...! Ce mode de revêtement
particulier demandait bien sûr de gros efforts d'innovation dans le domaine de
sa fabrication, et une avancée technologique considérable dans celui de son
application. Chez DUCO, MIe.
CAILLAUX et M HAEGELI en véritables pionniers, avaient compris que cette
évolution dans le métier des peintures allait être une révolution et un moyen
important de lutter contre les nocivités et la pollution engendrées par les
peintures liquides classiques et leurs solvants. Mais, que de chemin à
parcourir avant de parvenir à une production industrielle vers 1965 - 1966 ! A Stains, c'est M. H.
VANSPEYBROECK qui fut engagé pour diriger une unité pilote d'abord, puis, plus
tard, un atelier industriel avec l'assistance de M. HOGG ainsi que MM. COJEAN
(venu du "bois"), CAMPOURCY, DELOUIS, RIFLET, et ROQUES (transfuge de
l'électrophorèse). DUCO a eu une bonne
part du marché dès le démarrage industriel, vers 1969, de cette peinture
"propre". Surtout dans la famille des époxydiques, un peu moins pour
les polyesters ou les polyuréthannes. La production
européenne va doubler en cinq ans (de 1975 à 1980) passant de 20 000 à 40 000
tonnes par an, pour stagner un peu ensuite et n'atteindre que 60 000 tonnes par
an en 1990. La technologie très
particulière à ces peintures fait que seules des sociétés spécialisées
réussissent à s'implanter et à monopoliser le marché. C'est le cas de BICHON
(BECKER), POLYDROX (VOISIN), COURTAULD (CROMADEX), au détriment de DUCO qui peu
à peu va perdre ses clients. Il nous restera
d'avoir été les tout premiers à croire à cette peinture "moderne" qui
représente pour l'avenir, un moyen efficace de lutte contre la pollution. LES GRANDS MARCHES Dans les années 50,
Mademoiselle M. CAILLAUX, alors directeur technique, avait demandé à ses
laboratoires de formuler des produits que réclamaient les commerciaux: M.M.
ABBATI et VASSEUR qui voyaient un débouché intéressant dans ces secteurs. LA
S.N.C.F.
Les peintures devaient
satisfaire à de nombreux tests d'homologation, et de plus, ne comporter aucun
hydrocarbure benzénique dans leurs compositions. C'était un marché
important, mais dans lequel les prix devaient être particulièrement tirés! Et
de grandes sociétés étaient sur les rangs: Blancome, Valentine, Ripolin ou la
Seigneurie. Les voitures -à
l'usage exclusif des voyageurs- et les wagons, pour le fret, étaient traités
dans des usines telle ALSTHOM, en peinture glycérophtalique à l'origine, puis
en acrylique et surtout polyuréthanne. Le célèbre T.G.V., quant à lui, sera
réalisé en finition « bi-couche » avec un vernis polyuréthanne en
finition. Mais la concurrence
est rude et les parts de gâteau de plus en plus difficiles à obtenir. Malgré
tous les efforts commerciaux déployés par M.D. FERRY, venu de chez Guittet en
1970, nous resterons toujours très en deçà de nos espérances dans ce domaine. Il fallait d'abord
avoir d'excellentes relations avec le Directeur technique des P.T.T., ce
qu'avaient réussi à faire M.M. LEBAU et LEGOFF, mais comme en définitive,
c'était le responsable de chaque centre régional qui avait la décision du choix
du fournisseur, la partie n'était jamais gagnée d'avance. Cette méthode
multipliait d'autant les problèmes posés à notre laboratoire "colorimétrie"
et Mmes. 1. JONCKHEERE et H. CHAROFF ont du bien souvent déployer tout leur
talent pour nous assister sur ce point. Le célèbre « jaune P.T.T. »
est un exemple bien connu, de même que le fameux bleu "France-
Télécom" qui lui, n'existait pas moins qu'en 17 nuances différentes selon
les fournisseurs et les fabrications! Là encore, les
résultats se révélèrent décevants face à la somme de travail fourni. L'AVIATION Notre adaptation aux
avions modernes fut hélas, moins réussie. Les Anglais et les Allemands eurent
l'apanage de ce marché. Il faut cependant
signaler que, si "Concorde 00 1" nous a échappé, nous avons obtenu de
peindre le "002" ! Bien maigre
consolation !
LES GRANDS TRAVAUX
Une anecdote, au
passage, grâce aux contacts personnels de M. H. HARDOUIN, nous avons réalisé la
peinture polyuréthanne du voilier de MALINOWSKI. C'est assez peu! En conclusion, on peut
dire que la diversité de choix de notre Société dans ces secteurs ne pouvait
que conduire à l'échec. Le manque de cohérence ou de volonté, la constante
remise en cause des personnes et le changement perpétuel de responsables, tout
cela ajouté à la difficulté du "terrain", explique en grande partie
la décadence de la Société dans ces divers secteurs comme dans d'autres, hélas! DUCO ET L'EXPORT par G. LANOIS Je
débute en 1966-1967 au laboratoire de recherche et de développement chez « Peintures
internationales » avec M. J.C. GRUNINGER. Je terminerai les années 60 chez
LEVASSEUR, filiale de DUCO. L'Espagne - 1970-1973 Pour de subtiles
raisons financières de subventions, d'exemption de taxes d'importation des
matières premières ou de produits semi-élaborés, DUCO va faire fabriquer des
tonnes de base blanche glycérophtalique par la Société MONCLAR. C'est alors
qu'arrive M. M. JUSSMAN. Pour des motifs que lui seul semblait connaître, il
décide du jour au lendemain de supprimer cette antenne espagnole en reprochant
à son directeur M. REGAS, son manque de rentabilité.
La
Grèce - 1973-1982 Cette filiale, VECHRO
S.A est baptisée par les mauvaises langues fabrique de peinture pour
"Cabanes" ! On y produisait pour le bâtiment, les industries diverses
ou la signalisation routière. En 1977, avec l'appui technique de M. J. SANSON,
on livrera même à ISOLA, le fabricant de matériel électroménager. C'était un
gros marché qui sera honoré jusqu'en 1982. Là, DUCO cède cette filiale à M.
DERGENDE, homme peu efficace qui ne pourra redresser la situation que grâce à
l'arrivée de M. HATZI NICOLAS, mais sans nous hélas ! L'Egypte Nous y tentons une
implantation sous l'impulsion de M. J.C. MAILLET en 1982. Ce sera un épisode
sans lendemain.
De
1982 à 1988 M. MAURETTE veut créer
un service export pour la réparation automobile avec des filiales à l'étranger,
en Grande-Bretagne, au Moyen-Orient, et même en Afrique noire francophone. Pendant près de dix
ans, grâce à un accord avec la Seigneurie et Valentine, le marché de la Côte
d'ivoire, du Gabon, du Cameroun et du Sénégal nous est ouvert. En
Grande-Bretagne, S.F.D./G.B. travaille avec Enfin, en 1988, et
malgré les efforts de M. J.P. BOURRILLON, le secteur carrosserie, fleuron de la
réparation automobile, sera livré au repreneur Dupont de Nemours qui s'empressera
de donner nos formules et notre technologie à KALON ! Et le Moyen-Orient ? Une petite filiale a
bien vu le jour en Israël avec la complicité de M. WEISSMAN, le frère du patron
de BLANCOME. Comme toutes les autres tentatives, elle était vouée à l'échec par
le manque de cohérence, de volonté des P.D.G. qui se sont succédés au cours de
cette période. Les tribulations du service "Export" sont bien
difficiles à comprendre et pourtant il aurait pu avoir un grand avenir. La mariée n'était peut-être pas assez belle ! LA SOCIETE GUITTET par C. JEAN L'histoire d'une
société commerciale est toujours en rapport avec le besoin, l'argent et le
génie créatif de l'homme. En 1840, Victor
GUITTET se rend compte que Marseille, touché par une épidémie de peste, ne produit
plus suffisamment de savon. Il va donc créer une petite entreprise dans la
région du Mans pour en fabriquer. Il y adjoindra bientôt le siccatif dont la
formulation chimique est proche et dont se servaient les peintres pour
améliorer le séchage de leurs préparations à base d'huile de lin. Le siccatif
"soleil" était né ! Il sera connu dans toute l'Europe et servira
d'emblème à la société. Mais c'est son fils
Georges, chimiste de valeur, qui va vraiment lancer Il étend le domaine de
sa production aux vernis et aux peintures partout, avec une usine à Londres et
une autre à Saint-Petersbourg. Il anticipait la décentralisation! Mais le siège
social était installé rue de Paradis, en plein 10ème arrondissement à Paris. La guerre de 1870 va
entraîner de profonds bouleversements; le siège déménageant rue d'Hauteville,
et l'usine principale quittant la proximité de Paris à cause de la démolition
des fortifications, mais aussi parce que la cuisson des huiles à feu nu dans de
grandes cuves de cuivre polluait l'environnement! Ce sont des terrains
achetés à bon marché sur la commune de Montigny-LèsCormeilles qui permirent
d'installer la toute nouvelle usine au milieu des champs et des bois et en
bénéficiant d'une main d'œuvre peu exigeante. C'est M. Paul GUITTET
qui dirige alors l'entreprise. La guerre de 1939-1945 va, elle aussi, venir
perturber la bonne marche de la Société, et c'est son fils Claude qui va, au
début des années 1950, redynamiser la déjà vieille maison familiale, avec
l'aide d'un adjoint de valeur: DUPRE-LATOUR. Les ventes vont se faire
maintenant par un important réseau de grossistes. Cette politique demande un
gros effort financier, et c'est pourquoi "GUITTET" va ouvrir son
capital à "DUCO" en 1956, qui deviendra d'ailleurs majoritaire
quelques années plus tard, tout en restant sous la présidence C'est l'époque où M.
LANTHONIE dirige l'usine avec M. NETILLARD aux Services Techniques. Ce dernier
sera "échangé" avec M. POULAIN de Stains, au milieu des années 1960. Des produits
"haut de gamme" : l'ORION brillant ou mat, le MAT 78, entre autres
sortiront à ce moment là. Ils sont toujours présen s sur le marché
actuellement ! Et puis, les
événements se précipitent. En 1974 GUITTET est absorbé par DUCO. En 1977, « DUCO
Bâtiment », Eurocolor et Guittet fusionnent commercialement et
s'installent dans des locaux neufs à Saint-Ouen l'Aumône, où se trouve aussi le
dépôt central des produits fabriqués par Montigny. L'usine cessera son
activité en 1982 et M. Claude GUITTET quittera ses fonctions, remplacé par M.
P. BAGOT, Directeur "Bâtiment" de la branche peinture du groupe,
appartenant désormais à C.d.F. Chimie. En L'entrepôt central de
Saint-Ouen l'Aumône fermera définitivement ses portes en1998 ! Mais le
"Soleil" brille toujours sur STONER, "UNE
USINE DANS L'USINE" par G.NEUMANN
Pour assurer sa
production, Stoner dispose de locaux et de matériels de la Société DUCO. Sa spécialité est le
revêtement pour les emballages métalliques. Qui ne connaît la boîte de petits
pois, la capsule du pot de confiture, ou le couvercle à ouverture facile? La
grande majorité des boîtes est traitée à l'intérieur, moins à l'extérieur qui
n'est souvent que recouvert d'une grande étiquette en papier qui en fait le
tour. Les supports sont principalement le fer blanc qui est un acier recouvert
par électrolyse d'une fine couche d'étain, et l'aluminium. Quant à la mise en
peinture, elle fait appel à une technique très particulière: un rouleau
cylindrique enduisant directement des feuilles plates de métal, comme en
imprimerie. C'est d'ailleurs sous ce nom qu'est désigné l'atelier! Les
revêtements sont ensuite polymérisés dans des fours à haute température, et à
cadence élevée, les feuilles de fer blanc peintes, presque à la verticale,
reposant sur un "peigne" et circulant sur un tapis roulant. L'aluminium, lui, est
enduit en continu à partir de grosses bobines qui se déroulent sous tension. Ce n'est qu'après la
sortie de "l'imprimerie" et découpe par des presses que les fonds,
les capsules ou certaines boîtes vont être formés par emboutissage. Ceci exige
donc des revêtements à la fois souples et adhérents pour permettre ces
opérations mécaniques. Si l'on ajoute que les récipients pour denrées
alimentaires vont subir en plus une stérilisation en autoclave, il devient
évident que nous abordons un domaine technique très spécial ! Les résines utilisées
dans les formulations amènent à des produits très chers, mais les couches
appliquées sont très minces. Dans le cas d'un vernis or pour boîtes de légumes
de 425ml, un bidon de L'atelier, dirigé par
M. J. FATOUX, doit répondre rapidement aux commandes. La plupart des produits:
vernis incolore ou or ne demandant pas de mise à la teinte, sont toujours
fabriqués en moins de 3 jours. En revanche, de nombreux contrôles sont réalisés
pour obtenir la qualité exigée. Le nombre de clients
était assez restreint, mais c'étaient des noms importants: Carnaud, Ferembal,
Rhénalu, Massilly ou encore Le Bouchage mécanique. Dans ce contexte, nous n'avions
pas besoin de représentants, mais d'une excellente relation entre nos services
techniques et commerciaux respectifs, et d'une intervention rapide sur le
terrain le cas échéant. Nous invitions d'ailleurs certains responsables à
effectuer un petit stage formateur à l'usine pour constater le sérieux de nos
méthodes de fabrication, la puissance de nos appuis chez DUCO. Il en résultait
par la suite un climat de confiance amical. STONER À L'ÉTRANGER Stoner exportait aussi
quelques uns de ses produits. Vers la Suisse et l'Italie d'abord, puis vers la
Grèce et le Portugal. Un ingénieur, M. J.J. BOOS, fut d'ailleurs recruté à cet
effet en 1962. Il reçut aussi la mission de vendre en Allemagne et en Pologne,
où il arriva à placer d'assez gros tonnages. Un accord avec une société
hollandaise installée à TIEL nous permit de prospecter dans leur domaine, le
Bénélux et l'Europe du Nord. M.M J. PETRY et J.
STORCK étant rapidement partis chez DUCO pour y occuper des postes importants,
il fallut bien recruter des renforts. Ce fut M. P. POULARD d'abord en 1959,
puis M. P. LEROY par la suite, M. M. PERRIER demeurant Directeur jusqu'à sa
succession assurée par M. J.J. BOOS. En revanche, au
laboratoire, l'équipe demeura longtemps fidèle au poste comme M.Mmes H. SANTENS
et J. DUFOSSE, M. G. LAGRANGE ou M et Mme D. et G. RICHARD. A la mort tragique de
M. J. FATOUX, c'est M. A. CERVONI qui prit la direction de l'atelier pendant
que son épouse s'occupait du secrétariat à l'exportation. C'est M. J.P.
BOURRILLON qui était notre P.D.G. quand DUCO-STAINS cessa ses activités. Stoner
dut alors déménager dans l'usine d'Arpajon où elle disposa d'un atelier et d'un
matériel un peu plus moderne. C'était en 1986 ; cinq ans plus tard, rachetée
par B.A.S.F., elle partit pour Clermont-de-l'Oise. Depuis l'origine, S.F.S.M.
était passée, côté français, sous la coupe de Roussel-Nobel, Charbonnages de
France, AKZO-Nobel, et côté américain: Martin Marietta, Mobil Chemical, Valspar
et finalement B.A.S.F. qui, unique propriétaire, n'eut même pas le droit
d'exploiter toutes les formules de la Société ! Bien des évènements ont marqué cette période
de 36 ans ! Permettez-moi de vous en rapporter quelques uns sans y attribuer de
valeurs particulières. C'est ainsi que,
curieusement, M. Serge TCHURUK, actuel P.D.G. d'Alcatel fut deux fois
administrateur de S.F.S.M., du côté U.S. pour Mobil, et quelques années plus
tard, côté français pour C.d.F. ! Notre
laboratoire était installé dans un bâtiment qui ressemblait plutôt à une petite
gare de province. C'était là que M. V. RENELLE avait commencé sa carrière chez DUCO.
D'ailleurs, une plaque commémorative à la mémoire de ce grand résistant était
fixée sur Ce
fut d'abord Mme S. SIMEAN, puis plus tard, Melle J. VOISIN, au caractère pas
très facile, qu'on était tenté de traiter « d'empoisonneuse » en
référence à son homonyme, qui,sous Louis XIV avait été mêlée à un fameux scandale ! Mme
E. ROUSSEAU, née DUPUIS, qui lui succéda en 1964 était sans doute bien
différente puisque Mme PERONNE, la distinguée assistante sociale lui trouvait
une ressemblance, rien que çà, avec « 'Ange au sourire » de la
cathédrale de Reims du XIIème, siècle bien sûr, pas arrondissement de Paris,
ajoutait-elle malicieusement. M. J.J. BOOS, qui
visitait la Pologne, pays de l'est, à cette époque, et qui avait comme
interlocutrice une dame plus fonctionnaire que commerçante, savait lui faire
plaisir en lui rapportant de Paris, des bas ou des collants. Mais, bien
qu'ayant pris les plus grandes tailles, ceux-ci se révélèrent trop petits! La
dame ne devait rien avoir d'une libellule! Pour les
"relations mondaines", M. PERRIER se dégageait en général sur moi.
J'ai ainsi été très heureux d'assister à l'office de mariage de M. J. SAISON à Saint-Cloud. Mais, c'est plus
souvent aux enterrements de nos amis qu'il m'envoyait. Aussi le chemin de la
modeste église de Stains m'était-il familier. A Saint-Sulpice, aux
obsèques de M. DUCHE, la solennelle cérémonie parisienne était tout à fait dans
le style « Grandes familles » de Philippe Hériat. , En revanche, à
Béthune, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, pour l'enterrement du
malheureux J. FATOUX, que son épouse avait tué dans une crise de démence, j'ai
vu à l'œuvre Plus tard, c'est M.
PERRIER lui-même que nous avons conduit à sa dernière demeure, dans le Morvan.
Les cigarettes roulées dans du papier maïs, qu'il appréciait trop, n'étaient
probablement pas étrangères à sa fin rapide. Bref, la vie ne fut
pas si mauvaise que cela sur les rives enchanteresses du Rouillon ! Les relations avec nos
« cousins » de DUCO étaient bonnes. Nous avions même le droit, comme
eux, et à nos risques et périls, de confier nos véhicules au service
"Démonstration" pour des essais de peinture. C'est ainsi que je me
suis retrouvé au volant d'une voiture d'un rouge éclatant, laissant croire aux
foules admiratives que je faisais partie des sapeurs pompiers! J'y ai même trouvé -et
gardé- de solides amitiés, dont celle d'un garçon très cordial et sociable, du
Laboratoire « Bois » -J.F. LEBAU- je crois - qui collait des gravures
sur de petites planches, les recouvrait de vernis, réalisant ainsi de très
jolis tableaux qui ornent encore ma demeure! Enfin, n'oublions pas
le service de fourniture de peinture à prix réduit pour le personnel, les « R.A.D. »
si appréciés qu'ils ont donné leur nom à notre sympathique « Association
d'Anciens » ! LE GITE ET LE COUVERT par R.DUFLOS De plus, face à
l'entrée principale, un petit bâtiment pouvait accueillir, dans les étages, les
célibataires hommes endurcis dans de modestes chambres individuelles.
Au-dessous, c'était le domaine de M. ESCOFFIER qui gérait de main de maître
notre Coopérative maison, puis Paris-Ouest ensuite. C'est là aussi qu'il
distribuait les fournitures et la peinture pour le personnel. A côté de l'entrée, un
autre bâtiment était occupé à l'étage par Mme. NEUMANN. Très mélomane, et
musicienne, -elle jouait fort bien de l'harmonium- elle offrait au voisinage de
petits concerts par les fenêtres ouvertes, les beaux soirs d'été! La grande pièce du
rez-de-chaussée servait de salle à manger pour les ouvriers apportant leur
gamelle, pour les courageux qui ne craignaient pas de manger le soir, le même
menu que le midi! C'était le temps du plat unique! DE
Il fallait d'abord
impérativement compléter les tables à huit. Seulement alors les serveurs
passaient dans les allées de ce réfectoire avec les chariots chargés de grosses
marmites. Celui qui faisait office de chef de table passait les assiettes qui
se retrouvaient rapidement remplies d'une louche de viande, d'une autre de
légumes, et d'une plus petite de sauce. C'était le service collectif au choix
réduit ! Le personnel
d'encadrement, peu nombreux car préférant "l'annexe" du café AUROY,
voisin, était servi de la même façon, mais dans une pièce à part. Un premier changement
eu lieu en 1964/65 quand M. BOUGEARD s'occupa de la restauration. On put alors se servir
individuellement au plateau avec un choix convenable de plats. Les
"cadres" mangeaient toujours à part, choyés par une nouvelle recrue:
Mme. CAILLE (Hélène, la belle!). Et puis ce fut la révolution de mai 1968 et la
création du Restaurant d'Entreprise. Grand choix d'entrées,
de plats, de desserts et de boissons, réglés à l'aide de coupons qu'Hélène
collectait avec le sourire. La petite salle à
manger fut transformée pour pouvoir recevoir les invités de la Direction, les
clients importants, sous la responsabilité d'Hélène, toujours elle, et qui
contribuera bien souvent à améliorer les relations commerciales au cours de ces
repas par son amabilité et sa gentillesse. Dans les derniers
temps, la salle de restaurant servit surtout aux "pots de départ"
quand la Société éclata en morceaux. Quant à ceux qui restaient, on leur donna
des "bons-repas" à négocier à la cafétéria du centre commercial
voisin! Malheureusement j'ose
dire que cela sentait la « Fin des haricots » ! LA
NEBULEUSE (1980-1989) par R. DUFLOS C'est
ainsi que X.M ABATTI avait prévu d'appeler cette dernière période. Nous avons
décidé de garder ce titre. La nébuleuse peut être considérée comme un amas
d'étoiles plus ou moins brillantes, ce qu'avait pu être notre Société à une
certaine époque qu'il avait bien connue. C'est aussi quelque chose de plus
confus, des nuages menaçants, bref une situation peu claire dans laquelle il
est difficile de distinguer l'avenir et d'organiser le présent. Il vivait cela
de l'extérieur maintenant mais sentait bien que la fin de DUCO était proche et
inéluctable. Mon seul mérite est
d'avoir vécu cette période jusqu'au bout. C'est à ce titre que j'en relate les
principales péripéties. Nous avons vu que le
déclin de certains secteurs: « Bâtiment - Bois – Industrie », s'était
déjà amorcé, celui des « Constructeurs » se maintenant, et la « Carrosserie »
semblant, une fois de plus, la seule capable de relancer l'activité. J.F LEBAU nous fera le
récit des efforts importants consentis pour tenter de réussir ce pari
ambitieux. Mais avant tout, il
fallait remettre de l'ordre dans le cahot qui régnait sous l'égide des
Charbonnages de France, suite aux regroupements et restructurations divers. Les
toutes premières années vont être fructueuses et faire renaître un fol espoir. C'est essentiellement
J. JONCKHEERE, Directrice de la Recherche, et J.P BOURRILLON rejoint par M.
CASCUA au « Commercial » qui vont être les artisans de cette ultime
tentative de redressement, au cours de laquelle, pour compenser les départs,
furent engagés de nouveaux collaborateurs, jeunes et talentueux. La répartition des
différents secteurs d'activités du point de vue géographique complique
sérieusement la tâche. LES SERVICES
TECHNIQUES. Dans l'usine même, le
Poudres, le Bâtiment avec J.C DEZERT venu de Guittet-Montigny, et l'ensemble de
la Colorimétrie. Des locaux vont aussi
être loués dans l'immeuble de Enfin, le Matériel
roulant, le Bois, le Coil-Coating sont à Arpajon. LA PRODUCTION. Elle se fait encore
partiellement à Stains, mais aussi à Saint-André, à Ruitz et à Arpajon. La
stratégie envisagée est de regrouper les forces de chacun des secteurs mais
d'abandonner la fabrication de Stains car il est impossible de moderniser la
vieille usine en raison des règles d'urbanisme en vigueur. Seule la partie
proche du Rouillon peut être affectée à cette activité. En revanche, l'ensemble
des services de recherche, de mise au point, de gestion informatique et de
documentation, et le commercial, peuvent être recentrés, réorganisés à Stains. Nous verrons que seule
la première partie de ce plan sera réalisée. La suite, malheureusement,
demeurera à l'état de projet ! Voilà plus de quinze
ans que je suis chez les « Constructeurs » quand le départ rapide
d'A. MALNOU de la « Carrosserie » amène J.P NETILLARD à me demander
de rejoindre ce laboratoire pour y travailler avec Mme J. BROSSIER. La mise au
point des nouveaux produits que DUCO veut lancer sur le marché doit, de plus, y
multiplier les activités. Hélas, les moyens techniques font cruellement défaut.
Tous les essais pratiques d'application doivent se faire dans le plus vieux des
bâtiments de l'usine, celui-là même qui était déjà là en 1927 ! Appelé,
pompeusement, Atelier de démonstration, et malgré quelques travaux de
ravalement, ce local n'est plus en mesure de répondre à nos besoins. A peine
peut-on essayer les nouvelles peintures sur des éléments de carrosserie de 2CV
! La cabine artisanale qui y avait été installée à l'intérieur à l'époque de M.
BESANCON était depuis longtemps déjà démontée car ne répondant plus aux normes
de sécurité. Et pourtant, il fallait bien faire avec les moyens dont nous
disposions. La mise en peinture de véhicules devait se faire alors à
l'extérieur de l'usine, par obligation, avec tous les inconvénients et
impondérables que cela implique. C'était soit chez nos « cousins » de
Valentine, soit chez un de nos distributeurs de la région parisienne. Avec le
recul, cela parait aujourd'hui impensable! Depuis des années,
régulièrement, les responsables de ce secteur réclamaient une cabine digne de
ce nom. L'importance des sommes à engager avait toujours fait reporter le
projet à plus tard. Et puis, en 1981, le duo J. JONCKHEERE J.P BOURRILLON va
arracher la décision auprès de la direction de C.d.F ! Un atelier complet, avec
une cabine flambant neuve, allait être construit sur l'esplanade voisine du
Labo-Nord! Les conditions de
travail changèrent du tout au tout. On pouvait maintenant peindre des véhicules
dans les mêmes conditions - et bien souvent meilleures - que nos clients
carrossiers pour qui étaient organisées de véritables séances de démonstration!
Nous pouvions aussi envisager sereinement des stages de formation pour
l'ensemble de la profession et surtout pour nos propres agents techniques qui
allaient bientôt réoccuper toutes les régions de France. Le projet de relancer
le secteur pouvait maintenant avoir les meilleures chances d'aboutir. C'est à
cette époque -1983- que M. CASCUA va venir sérieusement renforcer et réanimer le
secteur commercial. A la fin de cette même année, M. GILET sera embauché pour
me succéder au laboratoire Carrosserie. Un an plus tard, c'est à C. DEVOT, venu
de "Peugeot" que je cède la place à la tête de l'atelier-pilote
d'application et de démonstration. L'avenir semble
s'éclaircir, au moins dans le secteur Carrosserie. Les projets dans ce domaine
sont nombreux comme nous allons pouvoir en juger par l'activité déployée dans
les "Salons" et "Rencontres internationales" qui vont être
organisés. Pour ma part, dégagé
de mes tâches au Laboratoire Carrosserie d'abord, puis de
l'atelier-pilote-peinture et de la formation pratique qu'elle impliquait, je
pouvais contribuer à un important travail de réorganisation au sein de
l'Administration des services techniques.
LA NOUVELLE
ADMINISTRATION TECHNIQUE. Dès sa nomination
comme Directrice de la recherche, elle fut aidée par A. NEIRYNCK qu'elle
chargea en particulier de la réorganisation de l'administration technique.
C'est lui aussi qui, jusqu'à son départ en retraite en avril 1986, entreprit de
mettre en place, au centre de l'usine dans le bâtiment de stockage des
emballages neufs, les services techniques et annexes fort dispersés comme nous
l'avons vu. Seule la première tranche de travaux fut réalisée, au
rez-de-chaussée, l'arrivée de Casco-Nobel remettant, hélas, tout en cause! C'est à cette époque
qu'une première restructuration vit le départ de nombre de collaborateurs, une
deuxième, baptisée du doux euphémisme de « plan social », fort à la
mode, allait être fatale à notre vieille Société! Au Secrétariat technique, je vais retrouver M. ZYGUEL -Maria, pour tout
le monde-. Depuis plus de dix ans déjà elle assure avec une rare compétence le
fonctionnement du service. Engagée par J.P NETILLARD, elle va tout apprendre de
Marie GIACOMMELLO, et tout naturellement, en prenant sa suite devenir la
secrétaire de J. JONCKHEERE. Et l'informatisation commence à être mise en place un peu partout. Tout
doit rentrer dans la mémoire des ordinateurs: les fameuses « banques de
données » ! Tous les « codes », bien sûr, les formules de
fabrication, les contrôles de la qualité, les fiches de données de sécurité, et
bien d'autres choses encore. Tout doit être conforme et cohérent sur les
différents sites de En quelques mois, les principaux secteurs d'activité vont être bradés.
La Carrosserie sera « donnée » à DUPONT, la technologie, les clients
et les meilleurs collaborateurs: M. GILET, C. DEVOT, J. LE NEN, M. LUND Y, Mme J.
AMMAR et les agents techniques régionaux. Les Constructeurs seront eux, récupérés par B.A.S.F. avec B. BRUNEAUX, J.P TOURNILLON, B. DELOUIS, C. LEFER, G. CAMPOURCY, F. CARRIL. Ils seront rejoints un peu plus tard par J.P BOURRILLON lui-même.
La production, enfin
ce qu'il en reste, se fait maintenant à Arpajon, sauf en ce qui concerne les
Résines spécifiquement « maison » qui sortiront toujours, et jusqu'au
dernier moment de nos ateliers de cuisson de Stains avec J. MAUBERT. Pour rassembler
l'ensemble des services techniques encore en activité, la nouvelle direction
décide de construire un bâtiment pour les accueillir à Arpajon. C'est une
véritable usine à gaz faite de grilles et plaques métalliques, de tubulures, de
parois vitrées, l'ensemble des murs et des cloisons étant recouvert d'une
peinture aluminium. C'était, sans aucun doute, futuriste, mais sans avenir! En ce qui concerne
Stains, il fut décidé que le site serait définitivement fermé pour le mois de
mai 1989. Les
Laboratoires d'Arpajon LES REUNIONS
INTERNATIONALES LES SALONS DE
L'AUTOMOBILE par J.F LEBAU
ous sommes au début
des années 80. La Carrosserie demeure un secteur de prestige, mais sa
rentabilité se réduit de plus en plus sous l'action de la concurrence. La
Direction considère malgré tout que c'est la seule "locomotive"
capable d'entrainer les autres activités de
Il faut de plus
organiser pour nos distributeurs de grandes réunions d'information avant de mettre
nos nouvelles gammes de peintures sur le marché. Une équipe comprenant
J. JONCKHEERE, J.P BOURRILLON, A. SANTELLI et M. CASCUA va donc s'occuper de
ces grands projets que je devrai animer. CANNES - 1983 C'est la première
rencontre internationale avec le chansonnier P. DOUGLAS en vedette américaine.
C'est l'occasion officiellement de présenter notre nouvelle série: « le
MX », avec un gros succès d'estime. SOFITEL-BALARD - 1984
en parallèle avec le Salon de l'Auto. Le « MX »
s'est étoffé en devenant le DUCO-LOGIC-SYSTEME grâce à l'apport d'un
mini-ordinateur et d'une balance électronique pour réaliser les teintes. Hélas,
il faut dire que la clientèle s'intéresse surtout aux baptêmes de l'air en
hélicoptère au-dessus de Paris que nous offrons avec B. BRUNEAUX ! LE CAP D'AGDE - 1985 Deuxième rencontre
internationale avec J. AMADOU comme vedette ! La série
« MX » a encore été améliorée et complétée, et devient:
L'AUTO-LOGIC-SYSTEME. Les démonstrations sont faites par l'équipe technique, A.
CESARINI et M. GILET et M. MARTIN du Commercial. Pour agrémenter ce
lancement, DUCO a décidé de participer au « Trophée des circuits
automobiles » sur Peugeot 505 Turbo, pilotée par Didier ARTZET. Il fera
premier à Magny-Cours et au Castellet et sera vainqueur final au classement
général. Ce fut un beau succès sportif pour nos couleurs !
AJACCIO - 1986
C'est la banderole
qu'on aurait pu accrocher à la porte de l'usine de Stains en ce début 1989.
Vous dire que cette
période m'a été particulièrement pénible à vivre est peu de chose. Détruire
jour après jour les archives de soixante années de l'existence de la Société,
et donc la mémoire de tous ceux qui l'avaient vécue! Surveiller le travail des
ferrailleurs sciant ou découpant au chalumeau, arrachant câbles et tuyauteries
était insupportable et pourtant...! On aurait dit des rapaces se disputant les
restes d'une carcasse d'animal touché à mort ! J. JONCKHEERE organisa
un dernier pot pour son départ en février 89 et me laissa quelques consignes à
cette occasion - ses dernières volontés -... chez DUCO ! Il fallait au mieux
terminer la liquidation de Stains avec quelques mécaniciens et agents de
sécurité, avec Maria ZYGUEL qui restera fidèle au poste jusqu'en mai. C'est aussi à cette
date que s'arrêtera un bien étrange service de taxi. En effet, chaque jour, une
voiture effectuait l'aller-retour Stains-Arpajon avec Mmes C. PHALIER, L.
PERlÉ, G. SEZER ET L. WARCHOLAK pour leur permettre de continuer à assurer
quelques heures de secrétariat ! LE DERNIER ACTE
Il y a d'ailleurs
toujours eu des chats dans l'usine. Chaque atelier avait le sien-attitré, pour
éviter toute surpopulation de souris dévastatrices. Mais le plus connu fut le « Rouquin »,
ce jeune matou que M.ROUTIS avait ramené un beau matin dans une boîte à
chaussures. Il restait avec les électriciens à l'entrée de l'usine, mais
fréquentait assidûment la vieille « Démonstration » où il savait
trouver le gîte et le couvert. Fier et indépendant, il disparaissait parfois
pendant plusieurs jours, pour revenir couvert de coups de griffes récoltés dans
quelque combat de chefs! C'était un vieux guerrier qui, au hasard de ses
siestes sur un sac de pigment pouvait se teinter en bleu, en rouge ou en vert ! Au bout d'une douzaine
d'années, il partit un jour et personne ne le revit jamais. Un poète a dit: "les
oiseaux se cachent pour mourir", les chats aussi, avec une infinie
pudeur. Et
l'été passa, l'automne arriva et le mois de novembre! Plus par tradition que
par envie, je fis un "pot" de départ à Arpajon, et un peu plus tard,
un autre à Stains dans un Labo-Nord dévasté et glacial. Je remercie les
"Anciens" qui se sont déplacés pour cette ultime réunion à l'usine. Et
le dernier jour arriva. Je fis un tour complet du site, dans les vieux ateliers éventrés, aux cloisons défoncées, aux vitres brisées. Tout n'était que ruines!
Comme dans un rêve, ou plutôt un cauchemar. La nuit est tombée depuis longtemps quand je me décide
enfin à quitter le Labo-Nord par cette porte qui sera restée jusqu'au bout une « Entrée
Provisoire ». Nous
sommes le jeudi 30 novembre 1989 ! |
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Date
de création : 10/10/2014 |
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Date
de mise à jour : 24/03/2020 |